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UN'H EVASION A PIERRE-SCIZE 9I et sa gaité habituelles, cette seconde visite à la célèbre prison : « Nous arrivâmes à Lvon ; l'usage était de donner à la « porte son nom et celui de l'hôtel où l'on devait descen- te dre. Le caporal interrogateur me regarde, et quoique « j'eusse une redingote d'officier de dragons : — Oh « Monsieur, me dit-il en riant, je n'ai pas besoin de vous « demander votre nom; nous ne pouvons l'oublier, vous « nous l'avez donnée bonne. » Le caporal avait préeisé- « ment été de garde au château le jour du combat. Il me « demanda avec autant de joie que d'empressement, où « nous allions loger, et une heure après notre arrivée nous « reçûmes de M. de Bellecize, le commandant du château, « l'invitation la plus pressante de venir dîner le lende- « main. » « Nous acceptâmes, et nous fûmes reçus à merveille. « Dans le court intervalle de trois ans (5), il n'y avait rien « d'étonnant a ce que parmi les quarante hommes de la « garnison sédentaire à Pierre-en-Cize, il en restât plusieurs « qui m'eussent connu et vu de près comme le bon caporal. « Au dessert, ne voilà -t-il pas une dépuration de la corn- et pagnie qui vient me saluer, et me régaler en sus d'une « pièce de vers qu'ils avaient faite eux-mêmes en mon « honneur. Elle était parfaite d'intention, je l'ai payée « comme telle et de bien bon coeur à ces braves gens, qui « reçurent mes pièces d'or de même. « Après le dîner, M. de Bellecize donne des ordres pour « que le geôlier nous menât voir la chambre que j'avais (5) Pontgibaud fait erreur, il y avait plus de 3 ans. Il était prisonnier à Pierre-Scize en 1775, et sa seconde visite a eu lieu en 1782.