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82               UNE ÉVASION A PJERKE-SCIZE

 temps; je réponds par un seul, et je me précipite en fureur
 au milieu d'eux : j'entends de toutes parts : « Bravo !
 Bravo! » et des applaudissements aux fenêtres. Je suis
 assailli de coups de crosse, de bourrades, qui ont marqué
 longtemps sur mes côtes ; ma veste, mes cheveux me sont
 arrachés... De L..., mon pauvre camarade, est renversé
 blessé, après avoir crevé l'œil d'un des soldats, et coupé le
 doigt d'un autre avec ses dents; tous se jettent sur lui...
 Je suis sauvé! « Incidit in Scyllam : » je me trouve sur un
 chemin assez étroit, entre deux murailles; je n'osais les
 franchir étant poursuivi de près par les plus jeunes de la
 troupe, qui criaient derrière moi : « Arrête, arrête. » Je
 présentais mon arme à tout ce qui voulait s'opposer à mon
 passage; et, ainsi, je reçus plus de révérences et de coups
 de chapeau que je n'en ai et n'en aurai reçu dans toute ma
 vie. Mais ce chemin, souvent tortueux, avait près d'un
 quart de lieue, à ce qu'il m'a semblé. N'entendant plus
 crier : « Arrête! arrête! » je prends le temps de me reposer
 un moment, et de recharger mon pistolet, lorsque tout à
 coup apparaissent, à dix pas de moi, quatre de ces soldats
 qui me poursuivaient pour gagner la récompense. J'étais
 adossé à la muraille : ils s'arrêtent tout court : « Eh bien !
Monsieur, me dit l'un d'eux, vous voilà repris, vous ne
 pouvez pas aller plus loin ; vous avez fait une belle action
en voulant sauver les autres; il ne leur a manqué que d'être
aussi braves que vous : vous auriez réussi; mais ce sont des
poltrons. Rentrez, Monsieur, vous ne risquez rien, vos
parents vous feront sortir. Au surplus, vous n'avez blessé
personne, vous; les deux nôtres l'ont été par le marquis
de L... » J'écoutai tranquillement jusqu'au bout, parce que
j'avais besoin de reprendre haleine : je ne tardai pas à
répondre : « Retirez-vous; ce n'est pas à vous que j'en