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LA 444 PIERRE A ÉCUELLE naire de naïves légendes chrétiennes, a remarqué que, si on interroge les paysans à ce sujet, ils ne manquent pas de vous répondre que « nos ancêtres, au temps où ils étaient sauvages, cuisinaient dans ces vases », et ils racontent une merveilleuse légende de saint Martin, dont le fonds est à peu près le même partout. Que les Troglodytes, les Celtes ou les autres envahisseurs aient songé à cuisiner dans ces vases, il n'y faut pas penser un seul instant. Les auteurs constatent qu'ils vivaient des fruits que la terre produit na- turellement, de venaison fraîche, de lait ou de la chair rôtie de leurs troupeaux; la cavité, dont nous parlons, eût fait, il faut l'avouer, une marmite peu commode, car elle eût été impossible à échauffer, malgré son peu de capacité. Ils avaient, au surplus, à la violette, des vases en terre pour la confection de leur nourriture, ou le dépôt de la bière (i) ou du lait. Lorsqu'ils présentaient à boire, ils offraient dans des cornes de bÅ“uf sauvage ou dans un crâne humain, faisant ainsi allusion à leur adresse à la chasse ou à leur valeur à la guerre. On est donc forcé de reconnaître que ÃEcuelk de saint Martin avait un tout autre usage : nous allons essayer de préciser sa destination. Les superstitions, qui accompagnent d'ordinaire les Pier- res à Ecuelles, h Fontaine ou le Lit de saint Martin, attestent une idée religieuse : c'est ce qui explique qu'elle soit de- par notre savant collègue de la Société littéraire de Lyon, M. le con- seiller L. Niepce, qui a écrit, dans la Revue du Lyonnais de 187S, p. 173, un travail fort curieux sur les pierres à écuelles et à bassins du Lyonnais. (:) Tous les auteurs anciens rapportent que les Celtes qui semaient du froment, de l'orge ou du millet, s'en servaient pour faire de la bière: c'était leur boisson ordinaire. Ils la nommaient Cervisia ou Zvthits.