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44 DE LA PEINTURE le beau côté, qui existe même dans les choses les plus in- fimes, même aux derniers échelons de la nature animée ou inanimée. Enfin, il devra fréquenter la bonne société et s'entourer d'hommes intelligents. Ceux-ci lui forceront la main, élèveront son niveau intellectuel, agrandiront son horizon et bientôt ses oeuvres se ressentiront de l'influence produite par ce cercle élégant et aimable au milieu duquel il aura vécu. Je ne veux pas protester d'une manière générale et abso- lue contre les tendances de la peinture à notre époque, je voudrais seulement prémunir les organisations d'élite con- tre la mode qui nous porte à l'a peu près, au facile et à un certain satisfait que rien ne justifie. Trop d'artistes se ren- dent coupables de préconiser, et d'exalter même des œu- vres incomplètes. Je dis incomplètes car, évidemment, dans leur faiblesse, on ne peut refuser à certaines toiles l'impres- sion et la couleur, mais c'est tout ce qu'elles offrent au pu- blic. « Que parlez-vous de dessin, de modelé, d'anatomie, disent ces fruits demi-secs de l'art ? Ah ! bien oui ! c'est trop long et trop difficile ! En avant la palette et la réclame ! » Or, ils étaient si nombreux qu'il a bien fallu que les artistes sincères et consciencieux baissent pavillon et se mettent en serre-file au second rang, c'est-à -dire loin de la vue. Pendant que les hommes sérieux s'éclipsaient, les autres s'étalaient au premier rang et grisaient le public avec des orgies de couleurs. La couleur, voilà tout ce qui préoccupe les modernes; chatouiller l'œil est l'unique but de l'art; voilà tout ce qui restera, dans l'avenir, à leur avoir; si tou- tefois, ils sont restés vrais, vis-à -vis de la nature, s'ils n'ont pas dépassé le but, s'ils ne sont pas tombés dans le criard et l'extravagant, comme a fait l'Ecole allemande du dix- septième siècle, avec ses verts, ses jaunes, ses rouges incan- descents, son dessin sans modelé, ses tons secs et cassants,