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    NUIT DE FLORENCE

                 A PÉTRARQ.UE


Le velours bleu du ciel est semé de clous d'or.
Et sous ce dais profond, d'une pénombre tiède,
La ville, se voilant languissamment, s'endort.

Aux durs labeurs la nuit apporte son remède :
Le sommeil bienfaisant, tranquille, muet, sourd;
Et l'avare lui-même à la fatigue cède.

Seuls, à l'affaissement des tourmentes du jour,
Trêve que la nuit donne à l'humaine bataille,
Survivent ces tourments : la pensée, et l'amour.

Leur exaltation sans relâche travaille.
Dans le marbre, grinçant sous le fer qui le mord,
L'artiste, poursuivant son rêve, encore taille.

Et, comme un condamné que hante le remord,
Le penseur, anxieux, veille, et son esprit sonde
Ton noir problême, ô vie, et ion mystère, ô mort !

Sera-t-elle pour lui comme un phare sur l'onde,
Cette terne lueur de sa lampe ? Et la nuit,
Qu'il viole, à son gré sera-t-elle féconde ?

Le musicien, pâle, et que le sommeil fuit,
Aux sillons du papier rayé sème, muettes,
Les notes, dont demain éclatera le bruit.