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                     EN USAGE A LYON                          265
  —• Cochard donne cette phrase patoise : La grêla a tôt
  ablagia; la grêle a tout abimé. Et Et. Blanc dit dans les
  Canettes : « Un sarpent verineux me biche les pormons,
  et pour fini de m'ablagé, ronge mon melachon. »
     Du bas latin ablitigare, dont il n'est resté que la forme
  ablitigatus, chassé, proscrit. L'i à'abli est devenu a
  comme dans balance (b'ilancem), calandre (cylindrus),
  paresse (p'igriiia), aronde (hïrundo), etc. Le gascon s'en
  est tenu presque à cette transformation et dit ablatugar.
  Le lyonnais a continué l'évolution et a donné d'abord
  ablat'gar, en vertu de la loi que toute voyelle latine atone
  occupant l'avant-dernière place du'mot disparaît en fran-
  çais : oracle (oraculum), table (tabula), fable (fabula),
  vaincre (vincere), etc. — G dur est devenu g doux ou son
  équivalent / : ;ouir (gaudere), /atte (gab'ta), yambe
  (gamba),/aune (galbinus),joue (gauta), etc., e t c . . Enfin
  are est devenu er comme dans tous les verbes de la pre-
  mière conjugaison : aimer (amare), accorder (accordare),
  accouder (accubitare), etc. Il n'y a pas de doute que la
  forme ancienne ne fût ainsi : ablatger, d'où ablager par
  la chute du t. Le plus ancien français disait ainsi : car-
  naÉge, message, rama^ge, pour carnage, message, ramage.
     Le bas-latin abradicare, arracher, écorcher, donne
  aussi, suivant des règles analogues, le mot ablager.
A B O U S E R . (rom. abauzar; prov. abousa; camp, du
  Lyonn. : abozo; Forez. : abousa) y. n. Tomber, s'é-
   crouler.

           Ex. Babolat, sais-tu la nouvelle?
               La tour Vitrât vient d'abouser.
                       (Complainte lyonnaise sur l'air de Fnaldès, à
                    propos de la Tour Pitrat, abousée le 27 août
                     1828).