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                    DE LA PRIMATIALE DE LYON'                         25 I

le dit cloistre, et leurs tirèrent aucuns coups de mousquets
du costé des Célestins, dans lequel cloistre aussi et en la
maison de l'archevesché, logis du gouverneur (1), estoient
un bon nombre d'arquebusiers (2) (plus grand que de
coustume) de la garde du dit gouverneur, grandements
suspects aux dits Comtes, comme estans de la religion et
party contraire. Aucuns leur parlèrent de capituler, mais
ayant entendu les demandes injustes et déraisonnables des
adversaires ; sachans aussi qu'il n'appartient au suject entrer
en aucune capitulation en la présence de son souverain ou
de son lieutenant général, se mirent sous la sauve garde et
protection de Dieu. Et se voyants destituez de tout secours
et ayde humaine et leur petit nombre de soldats perdre
cœur, estans menacez et intimidez par ceulx de la garde du
dit Gouverneur (3), qui estoient les plus forts dans leur


   (1) L'hôtel des gouverneurs de Lyon était situé sur la place dite du
 Gouvernement. Ce n'était qu'une modeste maison qu'agrandit, plus tard,
l'archevêque Camille de Neufville-Villeroy, qui exerça pendant de
longues années la charge de Lieutenant Général du gouvernement de
Lyon(Prorex) et qui l'habita de préférence à son Palais de l'archevêché.
   (2) Le corps des arquebusiers de Lyon, chargés de la sûreté delà ville,
se composa d'abord de 140 hommes et fut formé, avec la permission du
Roi, après la grande Rebeyne ou Sédition de Lyon en 1529, dans laquelle
faillit périr Symphorien Champier dont la maison fut pillée.
   (3) Le comte de Sault s'était logé, lorsque l'entreprise des calvinistes
était sur le point d'être exécutée, dans le cloître de Saint-Jean, avec une
troupe de gens affidés commandée par le capitaine Vertier, son domes-
tique, « non pour conserver l'église comme il publioit, mais pour em-
pescher que les chanoines, dont la profession ne rabat rien du courage
qu'ils tiennent de leur naissance, ne se fortifiassent dans le cloitre fermé
alors de toute part, ou qu'en sortant en armes avec leurs gens, ils ne se
joignissent aux bourgeois catholiques pour leur donner courage et tra-
verser aussi son entreprise. » (Le Laboureur. Mazures de l'Ile Barbe :
II. 16) Ce dernier écrivain ajoute que le lendemain de la prise de
Lyon, le comte de Sault, qui jusques alors avait fait profession de foi
catholique, leva le masque et alla au prêche, au vu ei su de tout le