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                 UN VOYAGEUR ANGLAIS A LYON                         4U
plaire de la bible du roi d'Espagne ( i ) , qui leur a été donné
par le roi Henri IV. Dans cette bibliothèque, il y a un
grand nombre de livres sur toutes les facultés, mais le plus
grand se rapporte à la théologie. Elle a aussi les portraits
de leurs bienfaiteurs, dont beaucoup ont été cardinaux,
comme le cardinal Borromeus, archevêque de Milan, le car-
dinal de Tournon, etc. En outre, ils possèdent les ouvrages
de tous les saints auteurs de leur Ordre, et les portraits de
tous ceux de leur Ordre qui ont souffert la mort en prê-
chant leur doctrine. Parmi ceux-ci il y a le portrait d'Ed-
mond Campion, avec au-dessous, en lettres d'or, son éloge
relatant pourquoi, comment, et où il est mort (2).
    « Enfin ce jésuite me conduisit dans leur église où il me
fit voir un très magnifique autel, avec de belles colonnes
très richement dorées, et il me dit que ces colonnes ne de-
vaient rester là que peu de temps et être ensuite transpor-
tées ailleurs. Leur société ne compte que soixante membres,
mais pour ceux qui sont éduqués par ces soixante, il n'y en
a pas moins de quinze cents qui, en dehors et loin du Col-
lège principal, ont dans la ville d'autres classes, ce qui sert
de séminaire pour instruire leurs Novices.
    « Le samedi cinq juin j'ai été pour l'office du soir au
couvent des Bénédictins (3). Dans le chœur de leur église,
j'en ai vu dix en prière. Ils étaient vêtus de robes noires sur


   (1) La Polyglotte, commencée sous les auspices de Philippe II, et qui
est l'œuvre du bénédictin Arias Montanus, a paru à Anvers, chez Plan-
tin, de 1569 à 1573, en 8 volumes in-folio. Voir Brunet, 1, colonne 851.
   (2) Edmond Campion, jésuite anglais, pendu en 1580 a Londres sous
le règne d'Elisabeth d'Angleterre. Voir le P. Bombino, Vita et marty-
rium Edmundi Campiani, marlyris Angli, et toutes les histoires d'An-
gleterre. Son portrait était d'autant plus curieux pour Coryat qu'il était
son compatriote.
   (3) L'abbaye des Bénédictins d'Ainay, sécularisée depuis, en 1685,
en vertu d'une bulle d'Innocent XI.