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39^ CHRONIQUE LOCALE primerie n'a pas trouvé d'acquéreurs. La liberté de l'imprimerie a tué les ateliers de luxe à peu près partout. On comptera désormais les ar- tistes qui voudront faire de l'art au lieu de noircir le papier, et comment faire du beau quand les imprimeurs, qui, à Lyon, étaient dix-huit en 1870, se trouvant au nombre de quatre-vingts aujourd'hui, sont obligés de se faire entre eux, pour un peu d'ouvrage, une concurrence comme on n'en a jamais vu ? Les belles presses, les caractères augustaux, les matrices, les poinçons, les lettres ornées, les bandeaux, têtes de pages, culs de lampe de la maison Louis Perrin ont été dispersés aux quatre vents du ciel, au bruit de l'implacable marteau du commissaire-priseur, puis, du 11 au 19, on a procédé à la vente de la bibliothèque, et chacun a pu se faire adjuger un de ces exemplaires de chapelle, dernier souvenir des travaux du grand imprimeur. Un bruit qui circule et que nous ne propageons qu'à demi-voix, est que le fils de M. Louis Perrin chercherait à relever la maison de son père et qu'une nouvelle imprimerie, sous ce nom illustre, perpétuerait un souvenir cher aux Lyonnais. Si cette nouvelle est vraie, si le phénix doit renaître de ses cendres, il n'est pas un de nos compatriotes qui n'y applaudisse avec bonheur. Un ouvrage, moins important que la Monographie de la Cathédrale de Lyon, mais qui se distingue aussi par de sérieuses qualités de recher- ches historiques et par une belle impression, est l'ouvrage de M. Mau- rice de Boissieu : VEglise collégiale de Saint-Jean-Baptiste, à Saint- Cha- mond (Imprimerie Mougin-Rusand). Lyon, Auguste Brun, 1880, in-8°, avec planches gravées par Séon. La description artistique est un peu succincte. L'auteur s'efface pour donner l'avis des auteurs qui ont écrit avant lui, mais dans ses minu- tieuses et consciencieuses investigations, il recueille et enregistre tous les titres, tous les documents, toutes les pièces justificatives qui con- cernent son église, dont la construction ne remonte qu'au xvn e siècle et fut détruite à la Révolution. Nous ne pouvons que signaler ce consciencieux et grave travail qui peut se consulter avec fruit, mais ne peut que difficilement être ana- lysé, précisément à cause de l'abondance des matériaux et des citations que l'auteur a prodigués dans son oeuvre. A l'autre extrémité de la littérature, dans les régions de l'archéologie païenne, est apparu un livre d'érudition sur : Le culte de Vénus et du beau, par M. Philibert Chanliaux. Lyon, Meton, 1880, in-12. L'auteur étudie le beau plastique tel qu'il a été compris et rendu par les artistes grecs ; il décrit toutes les statues de la mère de l'Amour que l'antiquité nous a laissées ; il fait une excursion dans l'histoire artistique de Rome, loue quelques beaux traits de héros gaulois et, à défaut de leurs œuvres