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LA MER SAHARIENNE Î383 Chott-el-Djerid. Ils n'ont traversé partout que des sables, des marnes argileuses, des vases liquides, sauf au sommet du seuil de Gabès où l'on a rencontré, à 38 mètres de pro- fondeur, c'est-à -dire à huit mètres au-dessus du niveau de la mer, quelques bancs de calcaire circonscrits et dont on a pu déterminer l'étendue. La mission a rapporté plus de cinq cents échantillons de géologie qu'on pourra étudier à loisir et qui permettront sans doute de fixer d'une manière définitive l'âge des ter- rains environnant le seuil. Il est donc aujourd'hui démontré que des matériaux meubles et incohérents séparent seuls la Méditerranée du bassin des Chotts. Ces matériaux, on peut affirmer pres- que avec une entière certitude, même en l'absence de toute preuve paléontologique, que ce sont des dépôts quater- naires récents ; car, d'après les nivellements exécutés par la mission, le faîte du seuil de Gabès n'est élevé que de 46" mètres, nous l'avons vu, au-dessus du niveau moyen de la Méditerranée, tandis que dans le Souf, le puits de Buchana, où M. Desor et ses compagnons ont recueilli les fossiles qui démontrent l'origine marine récente du Sahara, se trouve à plus de cent mètres d'altitude (1). On doit donc regarder comme probable que, lorsque les terrains du Souf se déposaient sous les flots de la mer Saharienne, le seuil de Gabès était recouvert d'au moins 60 mètres d'eau (2). (1) D'après les nivellements de M. Roudaire, l'altitude d'El-Oued n'est que de 77 m. 14 et celle du puits de Buchana qui n'a pas été me- surée devrait être un peu moindre. (Voir la carte jointe à la Mission des Chotts). (1) A moins que l'on ne prétende que Gabès s'enfonçait tandis que Souf s'exondait, supposition étrange, que rien n'autoriserait, au con- traire, puisque tout le monde admet, pour cette partie de la côte un soulèvement récent d'au moins 15 mètres.