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384 LA MES SAHARIENNE Par conséquent, toute la question se réduit à déterminer l'époque à laquelle le niveau général du Sahara oriental s'est trouvé soulevé à une hauteur suffisante pour que le seuil de Gabès fût exondé et couvert d'alluvions. Or, comme tous ces faits appartiennent géologiquement à la pé- riode contemporaine, cette détermination ne peut se faire, d'une manière absolument précise, que par des témoignages de personnes qui auraient assisté à ce phénomène. C'est à réunir et discuter ces témoignages que sera consacrée la seconde partie de cette étude. Mais avant de procéder à l'examen des rares textes de géographie ancienne qui nous soient parvenus sur cette question, il ne sera pas inutile de résumer en quelques mots les renseignements que les autres sciences physiques et na- turelles peuvent fournir à l'appui des faits géologiques ci- dessus développés. Dans son grand ouvrage sur la Malacologie de l'Algérie, M. Bourguignat a décrit avec le plus grand soin toutes les espèces de mollusques actuellement connus dans le massif de l'Atlas, leur habitat et les relations de cette faune spé- ciale et fort peu voyageuse de sa nature, avec celle des contrées voisines. D'après les résultats de ce grand et mi- nutieux inventaire, les considérations géologiques ci-dessus développées se trouvent pleinement confirmées. Au point de vue malacologique, l'Algérie a formé, au commence- ment de la période contemporaine ou, pour mieux dire, à l'époque où elle a reçu sa population malacologique, une grande presqu'île reliée à l'Europe par l'Espagne et com- plètement isolée de toute autre contrée, sauf peut-être transitoirement de la Sicile. Le massif de l'Atlas ne pré- sente en effet que sept espèces de mollusques communes avec Madère et sur ce nombre, six sont cosmopolites ; il en possède neuf qui se trouvent dans l'Archipel des Canaries,