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364                   QUELQ.UES MOTS

     Les âniers étaient des types de rusticité et servaient
 de sujet à beaucoup de plaisanteries. Ils portaient, hiver
 et été, des chapeaux de paille. Il me souvient qu'un jour,
 notre ami, le père Thierry, avait mis un chapeau de
 paille tout battant neuf. « Tiens, fit mon père, où avez-
 vous donc pris ce chapeau d'ânier? » Cela jeta un froid !
     Vient de ce que jadis les boueurs recueillaient les
 équevilles dans des balles d'osier portées par des ânes.
ANILLE (Forez. : aneille), s. f. Béquille. C'est du vieux
 français. On le trouve même dans le Dict. êtymolog. de
 Ménage. Il n'existe pas dans les dialectes de langue d'oc.
     Dér. du plur. neutre anilia, car le mot est usité pres-
 que exclusivement au pluriel, et les pluriels neutres s'em-
 ploient substantivement. Lia s'est transformé en lie
 mouillé, comme dans fille (fi/fa), famille (familid), paille
 (palea; en latin ea = ia), taille (taira), e t c . .
     Anilles s'est conservé dans le blason. C'est une figure
 représentant exactement deux becs d'anilles adossées,
  appelant bec de l'anille le morceau en forme de demi-
 lune qui se place sous l'aisselle.
ANNEE. Loc. : Annéedefoin, année de ne» (camp, du Lyon. :
 Ana de fen, ana de reri), parce qu'en effet les années de
 foin sont des années pluvieuses, fatales à toutes les au-
  tres récoltes, notamment à la vigne, culture chérie du
 paysan lyonnais.
APINCHER. (Campag. : apinchî. Forez. : appinchî; pro-
  venç. : espincha). V. a. Guetter, épier, regarder. Ex. :
  « J'ai apinché Cadet qui fichait macastonade. » Ce mot
  populaire vient d'un mot littéraire, le latin adspicere.
     Remarquons d'abord que dans la transformation il y a
  un déplacement de l'accent qui est sur Yi dans le latin et
  sur l'e dans le lyonnais. Ce déplacement, qui remonte
  au latin rustique, se retrouve dans une foule de verbes de