Revue du Lyonnais » série 4 - n°9 ( 1880 ) » pp.300

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places. Car il résulte à priori, de ce principe vrai de l'inéga-
lité et de la diversité des aptitudes et des intelligences,
cette conséquence logique que les talents seront toujours
inégaux et que le génie, le don, le mens divinior du poète
ne seront que le rare privilège de la minorité, mais d'un
autre côté, la grande moyenneté peut rivaliser, à son tour,
par le travail opiniâtre, avec les mieux doués, et leur dis-
puter la palme.
   Un autre résultat, important pour l'art, jaillira encore de
la comparaison des œuvres de même genre. Ce sera le
triomphe de l'originalité et la mise à son plan du copiste,
et du pastiche. Car le maître et l'élève, l'original et le co-
piste se mesureront côte à côte,s'étreindront à bras-le-corps;
leurs toiles se choqueront. — Gare au "plus faible ! ou plutôt,
tant mieux pour lui ! Car, s'il n'est que copiste, il sera forcé
de chercher une autre voie, un genre personnel, à moins
de se résigner au rôle de subalterne ; ou bien, en admettant
l'émulation et le travail excessif, il pourra espérer prendre
sa revanche par des supériorités d'exécution.
   Il résultera donc pour tous les genres et leurs représen-
tants, les artistes de même famille et de même tempéra-
ment, mis en lutte et concours, soit des corrélations utiles
et aptes à mettre en progrès continuel les concurrents, soit
des antagonismes, des affinités ou des répulsions faciles à
noter de visu, et jugez avec quelle rapidité cet agent délicat
et séducteur, l'art! saura pénétrer au cœur des plus indiffé-
rents et des plus insensibles. L'idéalisme, la pensée, l'ob-
servation des faits philosophiques ou matériels viendront
dessiller les yeux des plus aveugles.
    Pour nous résumer, il est donc incontestable que les arts
plastiques : la peinture, la sculpture, le dessin, la gravure,
l'architecture, en un mot, toutes leurs expressions et moyens
 d'exécution, ont un grand bénéfice à tirer de ce concours de