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282 LA MER SAHARIENNE caravane, M. le capitaine Zikel « dont l'intérêt, dit M. Desor ( i ) n'était pas moins excité que le nôtre, ne tarda pas y trouver une coquille à peu près entière que nous re- connûmes pour être le cardium edule. Encouragés par ce premier succès, nous continuâmes nos recherches et nous trouvâmes, associés au cardium, un Buccin (Buccinum gibbe- rulum, LAM.) et quelques fragments de Balane (Balanus miser L.) Ici donc, il ne pouvait plus y avoir de doutes ; le terrain qui renfermait ces coquilles était un dépôt marin ré- gulier. « Ce fait étant acquis, il s'ensuit que la mer Saharienne s'étendait au moins jusqu'au Souf, c'est-à -dire à plusieurs journées de marche au sud de la rive méridionale du Chott Melrhir. Dira-t-on maintenant qu'elle s'arrêtait là , parce qu'on n'a pas encore constaté des coquilles marines plus au sud ? Cela ne serait nullement justifié. Il est évident pour nous qu'elle devait se prolonger aussi loin que s'étend le désert de plateau et probablement recouvrir le sol qui est aujourd'hui occupé par les dunes ou aregs jusqu'à Rhada- mès, en tout cas, jusqu'à El-Oued. Même dans ces limites restreintes elle devait occuper une surface au moins décu- plé des Chotts actuels. « Il en est du Sahara comme des sables du Brandebourg et du Hanovre, que l'on a cru pendant longtemps dépour- vus de fossiles marins et que l'on sait maintenant en conte- nir un certain nombre. De même, la Sibérie n'a fourni sa première coquille marine qu'il y a quelques années. « Si la mer Saharienne est de nos jours réduite à la sur- face des Chotts, c'est qu'elle s'est écoulée, et cet écoule- ment ne peut s'être effectué qu'à la suite d'un exhausse- (1) E. Desor, La forêt vierge et le Sahara, p. 136.