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CHRONIQUE LOCALE — Une joie immense couvre le monde ; c'est une détente générale; on ne s'aborde qu'en riant. C'est que le petit printemps est revenu, et avec lui l'ami soleil, ce cher consolateur des pauvres et des malades, ce doux bienfaiteur des enfants et des vieillards. On "a eu si froid dans les mansardes, cet hiver; les petits ont tant souffert ! Il est bien temps que les frissons cessent, que les doigts se dégourdissent, que la joie renaisse, et que la fenêtre laisse entrer ces chauds rayons qui, dans les champs, font pousser les primevères et les groseillers. Que c'est bon, le gros soleil ! Eh bien, parions que, dans huit jours, il y a des gens qui diront qu'il y en a trop. Et, en effet, vous croyez donc que tout le monde est content ? Le public, oui ; la foule, la population, cette immense quantité de gens qui se laissent vivre, accordé ; mais les grincheux ne désarment pas. Eu voilà qui se plaignent même du soleil ! Ouvrez donc les feuilles de chaque jour. Ce n'est plus le froid, mais c'est la poussière, l'arrosage, le commerce, la politique, les tramways, les servitudes militaires, les ponts, les eaux, le théâtre; il n'est pas jusqu'à une porte déchirée au bureau de l'admi- nistration des postes qui n'ait soulevé, hier, les terribles colères d'un journal. Nous qui passons à côté de toutes ces choses, nous disons : Bah ! n'avons-nous pas le printemps ? — C'est par le premier beau jour de ce renouveau que la ville a vu ériger une statue à un homme qui la méritait depuis longtemps.