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CHRONIQUE LOCALE 235 Qu'on regarde Gerson comme grand chancelier de France, comme envoyé aux conciles de Pise et de Constance, comme honnête homme, bravant la colère du duc de Bourgogne ; comme chrétien austère, ton- nant contre les scandales de la cour d'Avignon ; comme orateur, apai- sant les troubles de l'Eglise ; comme écrivain, laissant tomber de sa plume désabusée les pages ou la plus grande partie des pages de l'Imi- tation, gloire dont on veut en vain le dépouiller, il ne sera jamais plus grand qu'oublié dans un monastère de Lyon, vivant pauvre dans une pauvre église, et courbant son génie à l'éducation et à l'instruction des humbles enfants du peuple. On a tout dit sur sa vie ; on a même voulu la couvrir d'un manteau dont il n'avait pas besoin ; on a vanté la générosité de MM. Mangini, à qui on doit la réhabilitation de cette grande mémoire, le zèle de M. le curé de Saint-Paul qui a surmonté toutes les difficultés. On a loué la statue, qui fait honneur à M. Charles Bailly, loué le piédestal, les inscriptions et les divers arrangements dus au talent de l'architecte, M. Sainte-Marie Perrin ; on a parlé de la cérémonie religieuse, à laquelle on a regretté de voir si peu d'ecclésiastiques prendre part ; de la messe solennelle dite par M. le curé de Saint-Jean, du panégyrique prononcé par M. le curé de Saint-Denis, de la bénédiction delà statue par M. l'abbé Hyvrier, supérieur de l'institution des Chartreux, de la musique et des chants du pensionnat des Lazaristes; il ne nous reste, pour donner du neuf, qu'à dire quelques mots du statuaire, hier encore à peine connu, à qui on a eu la bonne pensée de confier l'exécution de la statue du grand chancelier. M. Charles Bailly a eu des moments difficiles ; né à Tarare le 12 février 1844, il vint à Lyon, à l'âge de seize ans, presque sans ressour- ces, et malgré ses parents, mais soutenu par le feu qui fait les artistes. Il fut reçu à notre école des Beaux-Arts, fit d'humbles travaux pour vivre; obtint l'amitié de Louis Guy et de l'infortuné Lemann; puis, peu à peu, se perfectionnant à la classe de sculpture et dans divers ateliers de notre ville, finit par se faire une place au soleil. On lui doit : un ange de trois mètres cinquante de hauteur, au cime- tière de Tarare ; des tombes dans le même cimetière ; pour une élé- gante et riche habitation, une cheminée de marbre blanc avec le por- trait du propriétaire accompagné de deux bacchantes ; le buste en mar- bre de Simonnet, commandé par la ville de Tarare, œuvre qui parut à l'Exposition ; enfin, aujourd'hui, le voici arrivé avec sa statue de Gerson.