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                       LA MER SAHARIENNE                  ^05

composition, quelle raison cxiste-t-il pour reculer l'un jus-
qu'à la période crétacée, alors que le second est tout mo-
derne ? — Quelle raison ? Une seule, des empreintes indé-
terminables d'inocérames et rien autre. Puis, il faut bien
ajouter aussi la nécessité de trouver une origine au sel des
Chotts et au gypse des « atterrissements continentaux. »
On peut tout expliquer alors sans « l'hypothèse » de la
mer Saharienne, grâce à une autre hypothèse bien plus ex-
traordinaire, mais aussi bien plus nouvelle que l'on for-
mule en disant : « Les seuls fragments de coquilles terres-
tres qu'on peut y voir (dans les terrains quaternaires du
Sahara oriental), attestent une origine continentale, sous
 l'action de phénomènes dont il est difficile de se faire une
 idée, mais qui trouvent peut-être leurs similaires dans cette
 région des grands lacs de l'Afrique centrale où les pluies
 tropicales font étendre les nappes liquides sur des surfaces
 immenses ( i ) . »
    Ainsi donc, pour défendre une théorie toute faite, on en
 est réduit à inventer des phénomènes extraordinaires, in-
 compréhensibles, et l'on ne remarque pas que, même avec
 de pareilles entorses à la méthode scientifique, le système
 que Ton prétend établir ne supporte pas un sérieux examen
 car, si la salure des Chotts était due au lavage des terrains
  crétacés formant cuvette, par des phénomènes diluviens, gra-
  tuitement supposés, ces terrains ne présenteraient plus les
  amas, les lentilles, les montagnes de sel que l'on remarque
  aujourd'hui précisément à leur surface, c'est-à-dire dans la
  partie des couches qui auraient dû être le mieux dessalée ;
  en outre, ce lavage quel qu'il soit, n'aurait pu dissoudre le
 sulfate de chaux en assez grande quantité pour former ces



   (1) Pomel, loc. cit., p. 220.