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Jf00 DEUX MOIS EN ESPAGNE n'entend plus que le galop des mules qui secouent leurs dix arnachements de grelots et de sonnettes. Vergara, Villa Real, Villa-Franca, Tholosa, sont une foule de jolies petites villes, situées au versant des Pyrénées, et en général près de gaves transparents qui sont tantôt des lacs, et tantôt des cascades ; la voiture descend sur le ver- sant de France, et la route, véritable allée de parc anglais, cottoie presque constamment la mer qui encadre ce joli paysage. Au fond d'une de ses baies, nous voyons surgir une pres- qu'île portant une ville qui s'élève en pyramide, c'est la gracieuse Saint-Sébastien, dont les Anglais brûlèrent une partie pendant la guerre de l'Empire ; nous côtoyons un joli lac, et arrivons hlrun, la dernière ville d'Espagne. Je viens en en sortant de traverser la fameuse Bidassoa qui n'est pas un fleuve, comme le voulait la Quotidienne, au temps du duc d'Angoulême, moins encore un ruisseau, comme le soutenait le Constitutionnel de l'époque, mais une jolie rivière, qui, malheureusement pour ma narration, couvre maintenant dans un débordement les célèbres îles de la Conférence et des Faisans qui changent de place à cha- que crue de la rivière ; enfin me voici à Béhobie, dans les bras tous grands ouverts de la douane française. Qu'ils soient donc à jamais bénis ces uniformes verts qui, en étendant brusquement sur la route les garde-robes des poètes et des littérateurs, mettent naturellement fin à leurs poésies et à leurs interminables narrations exotiques M. DE P. FIN