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DEUX M0IS EN ^94 ESPAGNE Après avoir vu toutes ces splendeurs, j'éprouvai un vif besoin de sortir du couvent ; mon guide me fit faire un tra- jet d'une demie-heure dans des allées qui en sont voisines, et nous allâmes voir le palais des Princes, demeure destinée à éberger les souverains qui viennent visiter l'Escurial; c'est le Trianon du grand palais, et il fait une complète opposi- tion à son style ; ici tout est petit et gracieux, quoique ce- pendant également très riche. A peine grand comme une habitation particulière, il est caché sous de jolis ombrages, et de charmants bosquets de fleurs. Il a un tout petit escalier d'un marbre rouge étin- cellant et bien coquet, et est doré et fini comme un élé- gant coffret d'ébénisterie ; on aime, après la visite à l'Escu- rial, à sentir ses pieds fouler ces petits parquets de mosaïques bien brillants, à reposer ses yeux sur de charmantes pein- tures modernes, et à voir ces coquettes fresques italiennes qui rappellent, par leurs grâces, les charmantes loges de Raphaël et leurs nuances aériennes. J'avais vu en cinq ou six heures tout ce qu'il y avait de plus curieux à l'Escurial, j'y rencontrai, par un bonheur sin- gulier, un méchant cabriolet de louage, ce qui est bien rare dans les excursions en Espagne ; je me hâtai de le fréter et je me dirigeai sur Guadalarama, mauvais village sur la route de Burgos, c'est-à -dire de France, au pied des monta- gnes qui portent son nom, et, du reste, dans une position assez pittoresque; par malheur, dans celui-ci, comme dans ses collègues, il était assez mal aisé de vivre, mais de plus, il était impossible d'en sortir, car c'était le moment où tout le monde quitte Madrid pour les bains de mer, et tous les coches qui y passaient étaient remplis, et n'y laissaient ja- mais personne. Cependant, après un jour et demi d'attente, grâce à une grosse pièce mise dans la main d'un majorai, bien plus qu'à mon éloquence espagnole, j'obtins d'être