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                       LA MER SAHARIENNE                    133

qu'elle tenait en dissolution (on sait que cette substance est
celle qui se précipite la première dans les eaux-mères des
salines, à cause de sa moindre solubilité ( i ) , puis au fond
de sa dernière cuvette, restreinte, à peu de chose près, aux
dimensions des sebkhas actuelles, le chlorure de sodium de
plus en plus concentré dans ses eaux de plus en plus ré-
duites. La salure des Chotts est, en effet, à peu près à l'état
de saturation. Les torrents descendant des montagnes ayant
un espace de plus en plus long à parcourir, pour atteindre
les rivages de jour en jour plus éloignés de la mer mou-
rante, se sont creusé un lit dans les matières meubles des
anciens deltas qu'ils avaient jadis déposés sous les flots, et
ce lit forme aujourd'hui les ravins où coulent les minces
filets d'eau des Oued, microscropiques représentants des
grands fleuves d'autrefois (2).
   Le désert de dunes, au contraire, semble représenter le
rivage de l'ancienne mer, ou du moins la partie qui s'est
trouvée exondée par le soulèvement du sol avant que la sa-
lure des eaux du bassin central fût assez concentrée pour
amener le dépôt du gypse qu'elles contenaient en dissolution.
Le sable dépourvu de ciment est donc resté à l'état pulvéru-
lent et a pris, sous l'action des vents, la forme de dunes fixes
qui donne au désert son aspect caractéristique et désolé.
   Un fait à noter et qui concorde pleinement avec la
théorie du dépôt de la surface du Sahara sous les eaux
d'une mer récente, presque contemporaine, c'est qu'on y
trouve fort peu de bancs de rochers compacts. On y cons-
truit les maisons avec des quartiers de gypse. Le sol tout
entier paraît composé, sur une épaisseur de 160 à 180 mè-
tres— profondeur extrême qu'aient atteint les sondages


  (1) Ch. Martins.— Le Sahara oriental, p. 552.
  (2) V. Largeau. — Le pays de Rirha, p. 193.