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132                   LA MER SAHARIENNE

dré de cailloux très durs blancs, jaunes et rouges, de quartz
jaspoïde et chalcédonieux provenant des filons de l'Aurès et
dont le volume diminue, par conséquent, à mesure qu'on
s'éloigne de leur lieu d'origine en descendant vers le sud.
Des cours d'eau torrentiels ont raviné çà et là ces amas
d'alluvions, en se précipitant vers le fond des Chotts, et les
parois de ces ravins escarpés et profonds permettent d'en
étudier la constitution. Ce terrain se compose principale-
ment de matériaux détritiques, déposés en stratification
torrentielle, c'est-à-dire inclinée à l'aval, absolument comme
les deltas que les fleuves amoncellent à leurs embouchures
dans la mer.
   Le désert de dunes s'étend surtout dans la partie orien-
tale du Sahara. Il est formé, comme son nom l'indique, par
d'immenses amas de sables mouvants que les vents plissent
en séries de hautes collines. A l'inverse des dunes de la
Gironde qui envahissaient, avant qu'on eût réussi à les fixer
par la culture, tout le territoire situé à Forient, les dunes
du Sahara sont à peu près immobiles, c'est-à-dire qu'elles
oscillent périodiquement autour d'un point qui peut être
idéalement considéré comme fixe, poussées tantôt au nord-
ouest, tantôt au sud-est par les vents qui dominent alterna-
tivement dans ces parages (1). Mais leur constitution géo-
logique ne diffère de celle du désert de plateau que par
l'absence de ciment gypseux (2). Ce sont deux types qui
représentent autant de faciès d'un seul et même terrain (3).
On dirait, dans le désert de plateaux, le lit d'une mer qui se
serait lentement évaporée, déposant d'abord le gypse


  (1) E. Desor. — La Forêt vierge et le Sahara, p. 90. — Ch. Martins.
Le Sahara oriental, p. 561.
  (2) E. Desor. — là., p. 91.
  (3) E. Desor,— H., p. 75.