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            EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR                  93

   On évalue à trente le nombre des individus qui périrent
par l'effet de cette affreuse explosion.
   De généreux citoyens ne craignirent pas d'explorer les
débris du bateau pour s'assurer s'il n'était pas encore pos-
sible de sauver quelques victimes.
   Plusieurs scènes déchirantes eurent lieu dans les salles de
l'hôpital où l'on avait transporté les morts et les blessés.
Chacun venait reconnaître quelqu'un des siens. M. Rou-
gier, médecin de l'hospice, cherchant avec une inexpri-
mable anxiété son frère parmi les morts, ne put le recon-
naître qu'à certains signes particuliers, tant le cadavre était
défiguré.
   Madame Gaillard-Malézieu fut en proie à une émotion si
violente en apprenant la mort de son mari, qu'elle perdit
subitement l'usage de la parole et celui de la vue.

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                              **

   Il nous serait difficile de peindre la stupeur qui a régné
dans la ville, particulièrement sur les quais du Rhône et
aux abords de l'hôpital, après cette épouvantable catastro-
phe. Chacun semblait interroger la figure de son voisin
pour savoir s'il n'avait pas aussi quelque perte à déplorer?
   On écoutait d'une oreille avide les épisodes les plus la-
mentables; on regardait avec douleur les endroits où quel-
que malheureux avait reçu le coup mortel. Nous avons vu
avec effroi, au pied d'un arbre brisé par l'explosion, un
amas sanglant de cervelle humaine mêlée à des débris de
crâne fracassé et de membres informes : cet aspect était
hideux.