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EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR 94 ** Bientôt après l'explosion, le bateau, assiégé par la force du courant, s'en alla à la dérive et finit par s'échouer sur les graviers et les sables de la Vitriolerie. Tout en déplorant cet immense malheur, on doit remer- cier le hasard de ce qu'il n'a pas été plus funeste et le nom- bre des victimes plus considérable. S'il fût arrivé une heure plus tard, la presque totalité des actionnaires et beaucoup de personnages notables de la ville se fussent trouvés sur le bateau pour assister à l'expérience. D'un autre côté, les quais, les rues adjacentes et le pont de la Guillotière eussent été encombrés d'une plus grande foule de masques et de la population lyonnaise, qui a l'ha- bitude de se diriger ce jour-là du côté de la promenade de Saint-Fons, pour prendre sa part des plaisirs de cette fête populaire et assister au défilé des voitures, des cavalcades et des bandes déguisées. On doit dire, à l'honneur de notre population, que parmi les troupes de masques, à l'exception de quelques individus isolés qui parurent sur ce théâtre ensanglanté, la majorité s'éloigna aussitôt qu'on apprit l'événement, et s'abstint de parcourir la ville et d'aller à Saint-Fons. Deux sociétés équipées à grands frais et une brillante cavalcade, qui re- présentait une chasse anglaise, se hâtèrent de déposer les insignes du plaisir et de la joie. Telle est cette catastrophe du 4 mars 1827, qui eut un immense retentissement, non-seulement à Lyon, mais dans toute la province et dans la France entière. Elle donna lieu à de violentes polémiques contre l'emploi de la vapeur, dont les adversaires allèrent jusqu'à demander la proscription absolue