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            EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR
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   Bientôt après l'explosion, le bateau, assiégé par la force
du courant, s'en alla à la dérive et finit par s'échouer sur
les graviers et les sables de la Vitriolerie.
   Tout en déplorant cet immense malheur, on doit remer-
cier le hasard de ce qu'il n'a pas été plus funeste et le nom-
bre des victimes plus considérable. S'il fût arrivé une heure
plus tard, la presque totalité des actionnaires et beaucoup
de personnages notables de la ville se fussent trouvés sur le
bateau pour assister à l'expérience.
   D'un autre côté, les quais, les rues adjacentes et le pont
de la Guillotière eussent été encombrés d'une plus grande
 foule de masques et de la population lyonnaise, qui a l'ha-
bitude de se diriger ce jour-là du côté de la promenade de
 Saint-Fons, pour prendre sa part des plaisirs de cette fête
populaire et assister au défilé des voitures, des cavalcades
et des bandes déguisées.
   On doit dire, à l'honneur de notre population, que parmi
les troupes de masques, à l'exception de quelques individus
isolés qui parurent sur ce théâtre ensanglanté, la majorité
s'éloigna aussitôt qu'on apprit l'événement, et s'abstint de
parcourir la ville et d'aller à Saint-Fons. Deux sociétés
équipées à grands frais et une brillante cavalcade, qui re-
présentait une chasse anglaise, se hâtèrent de déposer les
insignes du plaisir et de la joie.
   Telle est cette catastrophe du 4 mars 1827, qui eut un
immense retentissement, non-seulement à Lyon, mais dans
toute la province et dans la France entière. Elle donna lieu
à de violentes polémiques contre l'emploi de la vapeur, dont
les adversaires allèrent jusqu'à demander la proscription
 absolue