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88          EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR
pied ou à cheval, dans de brillants équipages, ou dans de
grandes charrettes de meunier; de joyeux quolibets plus ou
moins épicés se croisaient en tous sens... On était réuni
pour dire adieu au carnaval avant d'entrer dans le carême,
dans les jours du Repentir. On se disposait à faire la tradi-
tionnelle promenade de Saint-Fons, qui rappelait la descente
de la Courtille à Paris.

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   On allait partir, quand tout à coup cette même déto-
nation ébranla les airs et jeta la terreur dans l'âme de cha-
cun... Aux chants de joie se mêlèrent des cris de douleur
qui arrivaient du port du quai Monsieur, où était amarré le
bateau à vapeur.
   La Saône possédait déjà, depuis quelques années, plusieurs
paquebots à vapeur qui faisaient un service régulier entre
Lyon et Châlon. Une compagnie voulut doter le Rhône
d'un pareil mode de navigation. Mais la rapidité et les ca-
prices du fleuve semblaient devoir s'opposer à toute ten-
tative de ce genre, que l'on considérait comme irréalisable.
Les adversaires et les critiques ne lui manquèrent pas.
   La compagnie, qui avait pour principal intéressé un riche
négociant de notre ville, M. Gaillard-Malézieu, confia la
construction d'un bateau spécial à l'habile ingénieur an-
glais, M. Derheims, déjà connu par de nombreux travaux
de ce genre, en France et en Angleterre. La machine sor-
tait de la maison Alkens et Steal, de Paris.

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  Le dimanche, 4 mars, fut le jour fixé pour faire l'essai du
nouveau bateau et montrer sa supériorité. Dans le but de