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SOUS LA TERREUR Jl les événements ont mûri d'ailleurs de bonne heure, sou- tient, console sa tante, séduisant, pour arriver jusqu'à elle, les geôliers des prisons. Elle nous donne de vives descrip- tions de ces intérieurs de couvents où se trouvent enfermés près d'un voleur ou d'une prostituée les femmes les plus estimables de l'ancienne France ou des artistes tels que le sculpteur Chinard. Heureux encore celui-là d'avoir modelé, au milieu des bustes de ses compagnons de captivité, une statuette de la Raison; car il lui dut plus tard la liberté ! La tante d'Alexandrine fut moins fortunée. Conduite à l'Hôtel-de-Ville, interrogée sommairement, jetée dans une des « mauvaises caves » ( i ) elle fut exécutée le 22 pluviôse an il ( n février 1794). Quelle lecture attachante que celle des mémoires de Mllc des EcheroUes depuis ce fatal événement ! avec quelle délicatesse elle nous initie aux ac- tes de dévouement dont elle fut l'objet ou qu'elle vit se passer auprès d'elle, et comme elle les apprécie bien : « Le « plus heureux n'était pas celui qui recevait la vie « (p. 185)! » Elle peut aussi trouver un abri jusqu'à la chute de Ro- bespierre. Une espérance vague de bonheur, de sécurité suivit la nouvelle de la mort du dictateur. Aux excès com- mis pendant la Terreur, répondirent, hélas! d'autres excès. Nombre de matevons, comme on nommait ces sinistres étêteurs d'hommes, périrent à Lyon, emportés par la réac- tion thermidorienne. Il faudrait parler avec quelques détails de la vie de (1) « Les caves de la gauche (de FHôtel-de-Ville) étaient connues « sous le nom de mauvaises caves, celles de la droite sous celui de « bonnes caves, quoique souvent elles ne s'ouvrissent que pour le sup- « plice ; cependant, quelque espérance restait encore à ceux que l'on y « renfermait (p. 229). »