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SOUS LA TERREUR 69 de « brigands invisibles qui n'étaient qu'une chimère in- « ventée pour armer la France (p. 10). » M1U des Eche- roUes nous donne d'intéressants détails sur la Fédération du 14 Juillet et sur les sentiments de quelques-uns de ceux qui y assistèrent. Une autre page, bien curieuse, nous montre l'émigration devenue un devoir et, chose plus grave encore, une mode. « Quand "partez-vous ? se demandait-on. Vous arriverez « trop tard, hâtez-vous. Us reviendront sans vous. C'est « pour si peu de temps ! Comme une fièvre d'honneur fai- « sait bouillonner le sang dans les veines ! Ceux qui résis- te taient, dégradés aux yeux de la noblesse, étaient en « quelque sorte repoussés de son sein. » Les sarcasmes, le ridicule poursuivaient les indécis. « Des bonnets de nuit, « des poupées, des quenouilles leur parvenaient de toutes « parts. Des billets anonymes, dictés par une mordante « ironie, accompagnaient ces mystérieux envois (p. 13). » Le séjour de Moulins était bientôt devenu intolérable. Alexandrine et sa famille s'y trouvaient trop en vue. Arrêté une première fois comme suspect, M. des EcheroUes n'avait pu qu'à grand peine sortir de prison. Il fallut chercher un abri où on laissât passer la tourmente. Lyon reçut la préfé- rence, et voilà M. des EcheroUes, sa sœur et sa fille partis pour cette ville (1791). Le voyage eut ses incidents; on en- tendit en passant à Roanne un discours sanguinaire de Chal- lier. Arrivés à Lyon, les fugitifs s'arrêtaient d'abord à l'hôtel de Milan, place des Terreaux, le premier de la ville alors ; puis ils allèrent se cacher au quartier de Vaise. Les souvenirs d'Alexandrine nous font vivre, dès lors, de la vie des Lyonnais à cette triste époque, vie tourmentée, agitée comme celle de la France entière. Nous assistons d'abord au massacre des malheureux pri- sonniers de Pierre-Scise. La faiblesse ou l'impuissance du