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                      A NOTRE ÉPOQUE                       4$

Å“uvres perdues dont on ne fait plus aucun cas aujourd'hui.
   Bien différente est la peinture opérée dans les gammes
blondes, légères, quand on en sait assez pour modeler dans
la lumière. Celle-ci a un charme indéfinissable qui ne vieil-
lira jamais. Observez ces portraits du siècle dernier, dus au
pinceau des Greuse, Chardin, Nonotte, Largilière, Mignard
qui peignaient dans ces tons doux et légers dont nous par-
lons; ils n'ont pas changé, ils n'ont pas poussé au foncé,
ils sont toujours harmonieux et frais, ils n'offrent aucun
effort d'opposition dans les accessoires, les meubles ou les
draperies et ils seront à jamais un sujet d'admiration pour
les amateurs sérieux.
    On naît peintre, je le sais, l'œil et le goût aidant; mais
cela ne suffit pas. Il faut aussi le dessin, la forme, et bien
d'autres choses qui ne s'acquièrent qu'avec de persévé-
rantes études, le travail et le temps nécessaire pour donner
à la main l'aplomb, l'audace du savoir et la grâce. Devant
les dessins des grands maîtres anciens, l'observateur reste
charmé de l'esprit et du talent prodigués dans les moindres
choses ; longtemps il contemple ces esquisses légères et ces
riens charmants jetés sans prétention sur le papier.
   Espérons qu'une réaction nécessaire se fera bientôt;
qu'on voudra bien comprendre, à la fin, qu'il n'est pas si
facile qu'on le croit de devenir artiste peintre et que la
réflexion diminuera le nombre de ceux qui entrent aujour-
d'hui si étourdiment dans la carrière sérieuse et difficile des
beaux-arts.
   Nous allons dire un mot des divers genres de peinture,
en résumant le plus possible nos observations.
    Peinture religieuse. — Le genre sacré, mystique, dont les
sujets sont tirés de la Bible, des martyrs, ou des mystères
de la foi, exige, plus particulièrement, un dessin sévère et
irréprochable. Après s'être préparé par la lecture et l'étude,