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UN MARIAGE SOUS L E S TROPIQUES LES VOYAGEURS Vers le commencement de ce siècle, alors que les colonies espagnoles n'avaient point encore secoué le joug de la métropole, on vit, par une belle soirée de septembre, défiler su? la place de la petite ville de Chirimayo une cavalcade d'étrangers précédés par un bon nombre de mules lourdement chargées de bagages. Trois ou quatre domestiques, bien armés, cheminaient par derrière à une certaine distance, sïnformant des passants où se trouvait la maison de D. Joaquin Sévil chez qui le seigneur de Czernyi, leur maître, (levait mettre pied à terre. La ville de Chirimayo n'était point accoutumée à voir troubler par des passagers la paix silencieuse qui lais- sait croître le long- des acequias de ses rues les larges feuilles de l'anchuse amoureuse de fraîcheur. Les divers rameaux de la grande Cordillère des Andes se divisent, en se dirigeant vers le Chaco, en une infinité d'arêtes rocheuses qui vont en divergeant jusqu'à ce qu'elles dis- » paraissent, noyées dans la verdure éternelle des plaines du Pilcomayo et du Vermejô, comme autant de bras gigan- tesques dont les mains osseuses dressent leurs phalanges décharnées au-dessus des richesses tropicales qu'elles sem- blent ne laisser échapper qu'à regret. Dans l'un des écar- tements creusés entre ses murailles de granit qui courent au sud-est, coulait avec une pente rapide, la rivière trans- parente de Chirimayo, tributaire du Vermejô, et, sur une