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UN ÃIAMAGE SUÃ'S M S TUOPIQCES. 413 adressé les voyageurs comme à la personne la plus recommandable du pays. Le comte de Czernyi, qui venait profiter de cette hos- pitalité antique, pouvait avoir cinquante ans.,Sa taille était haute et sa tournure svelte, malgré son âge. Ses cheveux, jadis blonds, aujourd'hui nuancés d'argent, ressemblaient à ces étoffes chatoyantes dont les reflets empêchent de préciser la couleur. Un front élevé, légè- rement plissé au-dessus des sourcils, dominait un regard profond et mélancolique. Toute sa personne respirait une sérénité noble et calme qui imposait d'abord, mais qui se fondait en une inexprimable bienveillance quand l'anima- tion du discours dissipait sa réserve habituelle. Homme de savoir, membre de plusieurs compagnies célèbres en Europe, le comte avait été désigné par un congrès scien- tifique pour venir explorer ces contrées si peu connues. Sa famille tenait un rang honorable parmi la noblesse hon- groise, et, pour faciliter la mission importante dont il était chargé, l'empereur d'Autriche, son auguste souverain, l'avait revêtu d'un caractère diplomatique qui devait proté- ger ses travaux. Il était accompagné de la comtesse Vil- helmine, sa femme, et de son fils Eodolphe, jeune homme de vingt-deux ans, blond comme son père, cachant de grands yeux bleus sous des sourcils noirs bien arqués, l'air ouvert et confiant, gai comme un adolescent qui entre dans la vie, fier comme un Magyar et brave comme un vainqueur des Turcs. La comtesse paraissait avoir quarante ans. De longs cheveux châtains qui retombaient en boucles le long de ses joues se partageaient sur un front marqué au sceau de l'intelligence. Ses yeux bleus tantôt s'allanguissaient dans une noble volupté, tantôt brillaient d'une sombre énergie. On pressentait sous cette enveloppe suave des