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                      LE BOUQUET FATAL.                      283

le retrouverai; je le prendrai et le remplacerai par un autre,
toujours ainsi de suite, tout l'été.
    Remy respira. Il comprenait que Madame de Vallouise igno-
 rait les scènes de la journée.
    II prit sa main, et avec un tendre respect la porta à ses
 lèvres.
    — Adieu, ma mère, dit-i! ; souffrez que je vous adresse une
 prière.
    — Laquelle, mon enfant ?
    — Dieu a le secret de notre dernière heure, vous le savez.
 11 fait bon tout prévoir. Si je venais à mourir, ne me donnez pas
 d'autre tombe que celle de Solange!
    A ces mots, Madame de Vallouise le contempla opiniâtre-
  ment comme pour lui arracher un secret. Un pressentiment
  confus l'envahissait.
    Toute troublée, elle lui répondit :
    — Si pareil malheur arrivait, il serait fait ainsi que vous le
 désirez.
    — Ah ! merci ! fit Remy, avec une explosion de satisfaction.
     Et il s'éloignait.
     Madame de Vallouise le suivait du regard.
     — Surtout, iui dit-elle, quand il fut sur le pas de la porte,
  n'oubliez jamais que vous avez deux mères !


                               XI.

   Le lendemain, le temps était gris et pluvieux.
   Madame de Vallouise, qui revenait à neuf heures de la messe
 de Saint-Sulpïce, arriva sur la porte-cochère de sa maison en
 même temps qu'un fiacre autour duquel se faisait un grand
 mouvement. Elle faillit s'évauouir quand elle en vit descendre,
 soutenu par trois ou quatre hommes d'aspect affligé, son fils
 d'adoption, Remy, dont le regard était terne et vitreux, le visage
 blafard et décomposé, et la poitrine souillée de sang caillé.
 Cartier et Brossard, assistés d'un chirurgien militaire dont ce
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