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404 BIBLIOGRAPHIE. Dans le chapitre consacre à l'organisation de la société mo- derne, dont le but est la jouissance et le moyen l'argent, juge- ment sommaire et sévère , suffisamment motivé pour permettre à l'auteur d'en développer avec esprit les considérants trop ex- clusifs, M. Flotard explique par cette organisation et par ces caractères de la civilisation actuelle les tendances du théâtre qui en serait le reflet. Ces caractères se résument en quatre types. Au premier rang apparaît d'abord le spéculateur, l'argent, au second, la courtisane, les jouissances matérielles, puis le gentil- homme, le Léandre moderne, que l'instinct traditionnel des mas- ses favorise de ses préférences, parce qu'il représente un passé plein de mirages et de gloires, y compris celle du martyre, et enfin le bourgeois, le Cassandre, le Géronte d'aujourd'hui, ridi- cule par ses prétentions , ridiculisé par ses compromis renégats avec le passé que ses pareils ont renversé, sot, ignorant, vani- teux, dont les sous-types accusés portent les noms bien connus de Jourdain et de Prudhomme. C'est une course intéressante et profitable que nous fait pour- suivre, à travers les pièces les plus saillantes du répertoire ac- tuel, le développement successif des idées de l'auteur. Ces qua- tre chapitres sont traités avec prédilection : les citations y arrivent si à propos, que le style n'y perd nullement cette vive allure, eharme et soutien de l'intérêt du récit, un des attraits du style de M. Flotard. Les aperçus ingénieux, variés, parfois contesta- bles, y sont jetés à profusion, et les raisonnements dont les ap- puie l'auteur, souvent sans réplique et convaincants, ont toujours au moins une apparence de solidité qui rassure et un brillant qui séduit. Dans la monographie du bourgeois, M. Flotard fait l'orai- son funèbre de ce tiers-état, dont un mot célèbre et inexact à tracé le rôle impossible ; cette couche sociale, intermédiaire, n'est pas près de disparaître, loin de là . Si les plus éminents ou les plus habiles s'en détachent pour atteindre les hauteurs de l'État ou de la société, d'incessantes recrues, venues des rangs si nombreux du peuple, cultivateurs, ouvriers, prolétaires, viennent élargir ses rangs et affirmer son importance. Il est bien rare de franchir d'un seul coup l'espace qui sépare les premiers échelons