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                           BIBLIOGRAPHIE.                           401
 d'autre lien avec celui qui le suit ou le précède que l'analogie du
 sujet, ce qui n'est pas tout à fait assez.
    Si finement ciselés et ingénieusement pensés que soient la plu-
 part de ces fragments sur l'art dramatique contemporain, on
 souhaiterait que l'auteur eût pris la peine de les refondre, en éla-
 guant la part insignifiante d'une actualité déjà vieille, pour en
 conserver le meilleur, la moelle, et tout ce qui prouvait sa thèse
 pour le public renouvelé auquel son livre s'adresse.
   La thèse est celle-ci : « Le théâtre n'aura décidément sur les
mœurs l'influence qu'il doit avoir que le jour où les auteurs, sui-
vant courageusement une voie unique, s'imposeront de trans-
porter sur la scène la vie moderne, avec ses complications, ses
besoins, ses souffrances. La vie moderne, c'est-à-dire cette pé-
riode confuse où nous nous agitons, ce temps orageux, ces sou-
cis , ces craintes, ces espoirs suivis de défaillances, ces ques-
tions brûlantes ou saignantes, brutalement embrouillées dès
qu'on les croit résolues, et cette tristesse contemporaine, cette
anémie et cette névrose — les deux maladies du temps, — tous
ces excès en un mot, qui marqueront la période de transition
que nous avons, en protestant, traversée... Le jour où un homme
de conviction et de talent peindra bravement, sans préoccupa-
tion de gloire ou de lucre, la vie moderne, celui-là, étudiant et
dramatisant les questions sociales, les plaies vives, les douleurs
actuelles, sera vraiment un grand homme, simplement parce
qu'il sera vrai. »
   Être vrai, faire vrai, rester dans le vrai, n'est-ce pas la pre-
mière condition à laquelle doit satisfaire l'historien, celle que
l'on réclame de l'artiste, qui est exigée de l'écrivain, n'est-ce pas
ce respect de la vérité, dans ïe récit et l'étude des faits, dans la
peinture des mœurs, dans la trame d'une œuvre dramatique, qui
doit être la base nécessaire de réalité sur laquelle doit reposer
toute fiction produite au théâtre ?' Un auteur de conscience et de
talent doit être tout à l'a fois historien, artiste, écrivain, s'il veut
faire œuvre qui dure et marcher dans le sillon des maîtres.
   En des termes différents, en un style plus posé, où la solidité
n'exclut ni la vigueur ni le brillant, M. Fîotard arrive au bout de