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370 LA GRANDE-CLAIRE. « nier (ou portefaix), lequel il mena au devant de la mai- « son du dict Cionacci, auquel lieu fut descendu par les « fenêtres, avec cordes, quelques pièces de drap d'or, « d'argent et de soie que le dit gagne-dénier mit dans « ung sac. Et après ce, ledit Mei luy commanda de les « porter incontinent au logis des Trois-Roys, en la cham- « bre des dicts Boulanger et Chapellier, sans qu'il y al- « îast ni qu'il fut présent, et despuis n'a veu les ditz « draps d'or et d'argent, ny parlé au dict Cionacci ; tou- te tes fois a bien parlé aux ditz Boulanger et Chapellier. » Cette déclaration est signée : Mey. Clarissimo Cionacci était donc fabricant d'étoffes, et comme la maladie contagieuse de cette époque régnait dans sa famille, ses divers logements, -ville et campagne, avaient été séquestrés et les habitants n'en pouvaient pas sortir, dans la crainte de la propagation du fléau. Il paraît qu'au xvr3 siècle on croyait à la contagion. Il s'agirait maintenant de savoir si Clarissimo Cionacci a donné son nom à la Claire, ou bien si celle-ci lui a fourni l'occasion de se décorer de l'épithète de Clarissimo, très-illustre ? Je ferai remarquer que ce mot de Cionacci peut donner lieu à la recherche d'une assez ignoble étymologie italienne. En effet, cionno, signifie un vau- rien , et l'augmentatif accio, qui constitue un terme de mépris, ferait de cionnacio l'équivalent de grand vaurien (1). La simple voyelle anale éliminée n'empêcherait pas d'attribuer au nom de Cionacci cette peu noble origine, et l'on comprend que le porteur devait en désirer le chan- gement. Son titre de propriétaire de la Claire lui aurait alors fourni le moyen d'opérer cette substitution et (1) Donna, une femme ; domacia, une mauvaise femme.