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260 LE BOSQUET FATAL. mieux pour le bonheur de l'humanité que la vie contemplative du cloître ? Je ne sais ; mais ce que je sais bien, et ce que j'ai quelque regret à dire, pour rendre hommage à la vérité, c'est que la sen- sible Lucette brillait, quinze jours plus tard, entre minuit et deux heures, dans un salon du café Riche, au milieu de soupeurs très-lancés, et qu'elle tenait parmi eux le sceptre du rire et de la gaîté (1). XIV. Il est, aux confins du Lyonnais et du Forez, un village aimé des paysagistes. Rien de plus frais et de plus riant au monde. C'est un nid de verdure gracieusement posé dans un repli de la montagne et qui resplendit à l'horizon avec son clocher moussu et ses groupes de maisons rosées. On y arrive par des chemins creux bordés de petits murs en pierre sèche et ombragés par des noyers et des châtaigniers, dont l'opulent feuillage tamise à grand'peine les rayons du soleil de midi. Ces chemins sinueux sèment aux pentes de la montagne leurs traînes onduleuses, sans souci de la ligne droite, ce cauchemar des villes modernes. De beaux vergers entourent les maisons; des eaux courantes et limpides s'échappent à lous les carrefours. Deux ormes plan- tés par Sully dominent majestueusement la grande place où les lavandières, rangées autour de l'écluse, donnent pendant la pleine journée libre carrière à leurs battoirs et à leur babil. Un peu plus haut, les troupeaux se succèdent à l'abreuvoir, tandis (1) Nous avons vu, il y a peu d'années, dans tous les journaux, l'his- toire de cette jeune fille d'un département de l'ouest qui serait morte par suite de l'introduction et du séjour d'une araignée dans son crâne. A l'autopsie, cette araignée aurait été trouvée vivante. Ce fait n'est guère croyable physiologiquement, il ne s'explique pas. Celui dont fut victime Florimond de Laruac, est extraordinaire , phénoménal, mais matérielle- ment possible. Il est possible, puisqu'il est vrai, foi de romancier.