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186 CHRONIQUE LOCALE d'en attendre une lettre de remerciement, la chose ne le mérite pas. • J'achève aujourd'hui, jour de ma naissance et de ma 54e an- née, l'Histoire de Dombes. J'en vay donner le manuscrit au li- braire pour le relier, et puis je vous l'envoyeray avec supplica- tion très-humble de la présenter à S. A. R. Mademoiselle pour le faire examiner. J'espère que vous ne me refuserez pas cette grâce. J'attends avec impatience les provisions pour mon valet et les occasions à vous pouvoir témoigner à quel point je suis, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. Le chevalier GUICHENON. CHRONIQUE LOCALE C'est avec le deuil au cœur que nous écrivons aujourd'hui notre chronique locale. Lyon est consterné, comme la France ; les affaires sont arrêtées, la jeunesse part, les bureaux se ferment, les Prussiens avancent et quel- ques timides doutent de l'avenir. Mais ce qui est plus triste que des échecs passagers c'est de voir autour de nous la trahison si vivace ; c'est de penser que la terre de l'honneur et de la loyauté a produit des hommes vils et lâches ; c'est d'être obligé de s'avouer que tandis que les soldats de la France lut- tent, et meurent à la frontière, il est, à Paris, à Lyon, à Saint-Etienne, à Marseille, des êtres si dégradés qu'ils s'unissent sans honte et sans pudeur aux envahisseurs de la patrie contre ses héroïques défenseurs. Ainsi, lors de l'effrayant tremblement de terre de Lisbonne, on vit des malfaiteurs profiter du trouble et du deuil publics pour pénétrer dans les habitations, voler, piller, détruire et se livrer aux plus dé- plorables excès. Pour ces hommes infâmes, la destruction d'une grande et magnifique cité n'était qu'une bonne affaire et une lucrative spéculation. Heureusement que si la France a eu son tremblement de terre, rien n'a croulé et qu'elle, a encore debout ses lois, ses mœurs, son courags et sa justice.