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286                       PHILOSOPHIE.
s'élève ce troisième monde éclairé des lumières de l'absolu ; c'est
là que le moi doit tendre par le plus haut degré d'activité intel-
lectuelle qui lui soit donnée de mettre en œuvre. Mais que
deviendra, dira-t-on, notre personnalité en présence de cet Idéal
suprême de vérité, de beauté et de bonté morale ? Ne vous en
inquiétez pas, et croyez cette bouche sincère qui vous dit n'avoir
jamais mieux senti toute la valeur et la personnalité de son être
que dans ces états qu'il nous montre comme la source de per-
fection , et dans lesquels, cependant, un souffle extérieur, ve-
nant de ce monde invisible, remplit l'âme, et où la personne
paraît s'absorber en Dieu         Bien convaincu, pour notre part,
de la réalité des conclusions auxquelles est parvenu ce penseur
éminent, nous répondrons d'avance à ceux qui nieraient la soli-
dité de ce monde transcendental : « Vous ne le connaissez pas,
si vous ne portez pas en vous le sentiment religieux qui en est
la clé, qui seul peut y introduire l'homme. Vous vous moquez
des théosophes, des mystiques, des illuminés ; mais tons ceux
que vous appelez ainsi, lorsquils ont été des esprits élevés et
sincères, ont dit que la condition indispensable de la connais-
sance était un certain régime moral, cette préparation dont
parle Maine de Biran, et surtout le recours à Dieu et aux puis-
 sances de Dieu, par la prière. Aussi longtemps que vous ne
 prendrez pas ce chemin, vous n'arriverez pas aux portes de la cité
 divine. L'exemple de Maine de Biran est quelque chose de grave ;
il donnera à réfléchir à plus d'un philosophe. Trop tôt est venue
 pour nous l'heure qui a ouvert à cet ascète de la pensée les
portes du monde qu'il appelait déjà de ses vœux. Qui peut dire
jusqu'où serait allé, dans la démonstration philosophique des
 vérités de la foi chrétienne, cette robuste intelligence! Il faut
 nous contenter de redire et de peser en notre cœur ses dernières
 paroles ; elles sont éloquentes et comme le testament de sa vie
 entière : « Le monde nous crucifie à mesure que nous avançons
 en âge ; il faut en finir et nous regarder d'avance comme crucifiés
 ou morts pour le monde.... Mon Dieu, délivrez-moi du mal,
 c'est-à-dire, de cet état du corps qui offusque et absorbe toutes
 les facultés de mon âme ; donnez à mon âme cette force qu'elle