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BIBLIOGRAPHIE. 93 dailles d'or ses Origines dijonnaises et ses Questions bourgui- gnonnes, a eu l'heureuse pensée de réhabiliter ces études si dis- créditées par de nombreuses extravagances, et il vient de publier à l'appui, un curieux ouvrage ; disons tout de suite que l'au- teur avait à son service un fond très-grand d'érudition, de saga- cité et de convenance , et qu'il a su les employer. Son but est d'établir : 1° l'origine indo-européenne des langues appelées celtiques, encore parlées aujourd'hui, savoir : le kymrique , dont le bas-breton est un dialecte , et le gaëliquë que l'on re- trouve en Irlande ; 2° l'identité de ces deux langues avec le gaulois, parlé lors de la conquête romaine. Nous ne pouvons suivre l'auteur dans le développement fort logique de ses assertions; disons seulement qu'après avoir battu, très-courtoisement et de toutes armes , le professeur Holtzman, qui veut faire de notre vieux gaulois un dialecte germanique, M. de Belloguet présente en différents tableaux les mots gaulois que nous ont transmis les anciens ; il cherche dans les idiomes encore existant les termes qu'on peut en rapprocher comme forme et comme sens ; puis il laisse au lecteur le soin de pro- noncer, après avoir fait sagement observer que les Grecs et les Romains, qui avaient horreur des mots gaulois, ne nous les ont transmis qu'en les modifiant par leurs lettres, lesquelles ne re- présentaient pas toujours la prononciation primitive. Nous n'avons pas besoin de parler des autres qualités qui dis- tinguent l'œuvre de M. de Belloguet. Le nommer c'est dire la courtoisie, le bon ton et en même temps la logique la plus serrée ; point d'assertions hasardées, point de conclusion abso- lue ; le douteux est donné comme douteux, le probable comme probable, et l'auteur, en vrai savant qu'il est, n'a garde de pré- tendre qu'il n'ait pu se tromper. Nous recommandons cet ouvrage aux archéologues qui le liront avec intérêt et profit. Nous en reparlerons lorsque paraîtra la seconde partie. J. Roux.