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\h                 DE T.'ONITK DE l/AME PENSANTE

lité est apparente plutôt que réelle. En effet le corps n'est
rien par lui-même ; il ne subsiste que par la vertu de la
force qui l'organise, qui l'anime, qui le conserve, le corps
n'est qu'un organe, un effet de l'âme , non un être réelle-
ment coexistant avec elle. « Notre corps en lui-même, l'âme
mise à part, dit Leibniz, ou le cadavre ne peut être appelé
une substance que par abus, comme une machine ou comme
un tas de pierre qui ne sont que des êtres par l'agrégation,
car l'arrangement régulier ou irrégulier ne fait rien à l'unité
substantielle (1). » Mais comment cette même unité pour-
rait-elle se concilier avec une dualité non plus apparente,
mais réelle , dans les principes de notre être, avec deux
formes ou deux âmes coexistantes en notre sein ? Si ,
comme le dit saint Thomas, l'homme était en puissance de
plusieurs formes, s'il tenait l'animalité d'une âme sensitive,
l'humanité d'une âme raisonnable, il ne serait pas un, mais
double ou triple. Nous estimons quant a nous cet argument,
 sans réplique. En vain les partisans du double dynamisme
humain nous prodiguent-ils ici les mots d'union et d'al-
liance ; ces mots ne font qu'éluder, mais ne résolvent pas
l'objection de saint Thomas. Avec des unions et des allian-
 ces, quelle qu'en soit la nature, quelque intimes qu'elles
puissent être, on fait, je le veux bien, des unités collectives,
 semblables à celles d'un édifice ou d'une armée, mais on
 ne fait pas une unité véritable. Si l'homme n'est pas tout,
 ce qu'il est par la vertu d'un principe ou d'une forme unique,
 encore une fois, ce n'est plus un être unique, mais un assem-
 blage d'êtres , une sorte de légion. L'unité de l'univers
 témoigne hautement contre le machineisme ; combien plus
 encore l'unité de l'homme contre cette autre espèce de
 manichéisme introduite dans son essence même, sous lo
 nom de double dynamisme !
     (I) Quatrième IcUre à Arnnuld.