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PHILOSOPHIE. 287
n'a pas en elle-même pour s'élever vers vous, et trouver son
repos de quelque côté que souffle le vont de l'instabilité. Donnez,
Seigneur et je vous rendrai... Si l'homme, même le plus fort de
raison, de sagesse humaine, ne se sent pas soutenu par une
force, par une raison plus haute que lui, il est malheureux, et
quoiqu'il en impose au dehors, il ne s'en imposerapas à lui-même,
La sagesse, la vraie force consiste à marcher en présence de Dieu,
à se sentir soutenu par lui ; autrement : vœ soli !
« Le stoïcien est seul ou avec sa conscience de force propre ,
qui le trompe ; le chrétien ne marche qu'en présence de Dieu, et
avec Dieu, parle médiateur qu'il a pris pour guide et compagnon
de sa vie présente et future. »
Maine de Biran a prouvé par la psychologie, la vérité de cette
belle pensée de Tertullien: anima naturaliter christiana. Il a
prouvé que l'âme aspire au christianisme, en constate la nécessité,
en retrouve en elle-même quelques éléments, proclame la néces-
sité d'un Médiateur. Mais sans l'action de ce médiateur lui-même,
peut-elle quelque chose dans l'ordre du salut ? Nous ne craignons
pas d'affirmer qu'elle ne peut rien. Cette grande vérité ressort
autant de ce qu'a dit Maine de Biran, que de ce qu'il n'a pu dire.
Et s'il lui ratait à dire, c'est qu'il lui restait à faire. Celui-là , seul,
arrive à la plus complète lumière dont l'homme peut être éclairé
qui, selon les paroles profondes (I) de l'Évangile, pratique la
vérité, qui autcm fat.it veritatem, (2).
Edouard DEGEORGES.
(1) Ce point délicat et important est parfaitement démontré dans le
remarquable travail de M. A. Nicolas, que nous avons déjà cité.
(2) Saint Jean, III, 21.