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ET DU PRINCIPE VITAL. 25 J'oppose encore une dernière difficulté aux partisans de la dualité. D'abord ce n'est pas seulement la vie organique, mais aussi la vie animale , c'est l'individu tout entier que nous trouvons placé sous la loi de l'inconscience et de la fatalité. Puis il arrive que quelques-unes de ces mêmes actions , d'abord aveugles et fatales , il les accomplit avec connaissance de cause et liberté. Et quod nunc ratio est, impetus ante fuit, a dit le poète latin. Ainsi en est-il des mouvements de succion et de déglutition et de plusieurs autres. En regard de ces actions qui passent de l'incons- cience a la conscience, à mesure que l'individu se développe, on pourrait en placer d'autres qui, au contraire, passent de la conscience a l'inconscience, comme nous l'avons déjk dit, par diverses causes dont la plus puissante est la conti- nuité et l'habitude. Comment concilier avec ce flux et ce reflux de la conscience et de l'inconscience, cette prétendue marque fixe et absolue de ce qui appartient a l'âme et de ce qui ne lui appartient pas ? Faudra-t-il donc dire que les mêmes faits, suivant qu'ils prennent, perdent ou reprennent la conscience, transmigrent tour à tour du principe vital a l'âme pensante, ou s'en retournent de l'âme pensante au principe vital ? Combien est-il plus naturel de penser que le même principe agit tantôt avec conscience et tantôt sans conscience, et que l'agent de la période de l'intelligence et la volonté est le même que celui de la période purement instinctive ? (1). Rien donc de plus contestable que cette ignorance absolue de la cause des phénomènes de la vie sur laquelle on se fonde pour donner au principe vital une (1) Voir dans les cahiers des 15 et 30 janvier, et du 15 février et du 15 avril 1856 de la Revue médicale, un intéressant mémoire de M. Tissot contre le double dynamisme. Ce mémoire est intitulé : Deux grandes fonctions de l'âme, suivant qu'elle agit sans conscience ni préméditation ou avec conscience, intelligence et volonté.