Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
'11)2                LE l'KRK DE LA CIIA1ZK.
intime et confidentielle que lui avait adressée Rollin. Le cas était
grave. Rollin, qui professait le jansénisme, était recteur de l'Uni-
versité de Paris. D'un caractère plein de bienveillance et de
douceur, d'ingénuité et de droiture , ses qualités mêmes pou-
vaient devenir un danger de plus pour la jeunesse, en lui dé-
guisant mieux les périls d'une fausse doctrine. C'est ce que pen-
sait Louis XIV, et il donna l'ordre d'arrêter le recteur.
   Le Père delà Ch.'dze aimait et protégeait les savants , sans se
préoccuper de leurs opinions religieuses. Il estimait Rollin, quoi-
que plus d'Une fois dans ses discours il eût parlé trop amèrement
de son Ordre. Le malheur qui le menaçait le toucha , et pour le
conjurer, il osa faire appel à la clémence de Louis au moment
même où l'âme du monarque inclinait le plus à la sévérité. Le
Jésuite pallia les fautes du Janséniste; le savant fit valoir les mé-
rites du savant ; il se porta même caution pour lui, et il fut assez
heureux pour calmer les justes ressentiments du Roi. La liberté
de Rollin fut respectée (1).
   Pendant ce temps-là, le P. Quesnel, réfugié en Hollande ,
écrivait au P. de la Chaize une lettre d'une aigreur extrême. Il
la fit imprimer ainsi qu'une autre lettre contre M. Van Susteren,
grand-vicaire de Malines, et un pamphlet intitulé: Motif de droit.
Ces trois pièces furent condamnées au feu , et brûlées à Bruxelles
par la main du bourreau.
   Dans sa lettre au confesseur de Louis XIV, il lui reproche ,
entre autres griefs, d'avoir été trop indulgent pour le protestant
Spon et le ministre Claude. « Ce dernier, dit-il, s'est loué et
en France et en Hollande des bons offices que vous lui avez
rendus aussi bien que d'autres Jésuites. »
   Suivant Quesnel, le P. de la Chaize montrant un jour à ses
amis la fameuse cassette qui renfermait les papiers saisis à
Malines, leur aurait adressé ces paroles : « Voilà tous les mys-
tères d'iniquité du P. Quesnel. Nous avons tous les papiers, tous
les mémoires, toutes les lettres, tous les brouillons ( des Jan-


  (1) Crétincau Joly. Histoire de la Compagnie de Jésus. T. iv, pp. 438
et 439.