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                        LE l'ÈRE'DE LA CUA1ZE.                            149

pics délégués de l'autorité judiciaire, sans autre mandat que
celui qu'ils tiennent de la royauté, d'administrer la justice en
son nom,
   « Ils prétendent qu'ils ne forment qu'un seul et même corps, distribué
en plusieurs classes, que ce corps nécessairement indivisible est de l'es-
sence de la monarchie et qu'il lui sert de base, qu'il est le siégo, le tri-
bunal, l'organe de la nation ; qu'il est le protecteur et le dépositaire
essentiel de sa liberté, de ses intérêts, de ses droits ; qu'il est juge entre
le roi et le peuple ; que gardien du lien respectif, il maintient l'équili-
bre du gouvernement en réprimant également l'excès de la liberté et
l'abus du pouvoir ; que les Parlements coopèrent avec la puissance sou-
veraine à l'établissement des lois (1). »
   Les parlementaires ne voulaient pas comprendre que les fonc-
tions déjuge et de législateur sont incompatibles, et que réunies
dans les mêmes mains elles seraient la consécration d'une mons-
trueuse tyrannie,- d'ailleurs où étaient leurs titres, quel mandat
avaient-ils reçu des rois, de la nation, des États-Généraux ?
   Louis XV justement alarmé leur avait reproché avec force,
dans un lit de justice tenu en 1766, ces divers empiétements sur
l'autorité royale. « Comme ils persévéraient à se dire les classes
diverses d'un Parlement unique, le roi leur enjoignit par un edit
de cesser de prendre celte qualité. » Mais les Chambres refusent
et d'enregistrer l'édit et d'administrer la justice. La patience
royale était à bout. « Louis XIV n'hésite plus , il dissout ces
Parlements révolutionnaires ; il renvoie ces juges qui ne veulent
plus juger et les remplace par d'autres » (19 janvier 1771).
Ce coup d'état fut préparé et consommé par le chancelier
Maupeou, ancien président du Parlement. Le peuple vit. exiler
sans peine et sans murmure les juges de Calas et de Lally-
Tollendal. D'ailleurs le chancelier avait promis que la justice
serait désormais rendue gratuitement, et que l'hérédité des
charges serait abolie. Cependant, malgré ces changements né-
cessaires et ces améliorations que réclamaient les circonstances,
le parlement Maupeou fut toujours en défaveur dans la bour-
geoisie. Mal conseillé, Louis XVI rappela les anciens parlemen-
taires. Mesure impolitique : l'esprit de corps et l'esprit de secte


   (1) Hisl. univ, de l'Eglise calh., par l'abbé Rohbochcr l. 27