Revue du Lyonnais » série 2 - n°17 ( 1858 ) » pp.172

172                RAPPORT SUR LES MÉDAILLES
seulement, dans un lumineux rapport de M. Martin-Daussigny.
Cette invention, due à M. Dupont, professeur de dessin, a pour
objet un des points les plus difficiles dans la préparation d'un ta-
bleau. Si l'œuvre endommagée est simplement atteinte dans sa
superficie, un travail artistique suffit pour remédier au mal. Après
un nettoyage soigné , quelques touches d'un pinceau habile et
réservé suppléeront aux portions manquantes.
   Mais le tableau aura-t-il été attaqué jusque dans son subjectile?
se trouve-t-on dans l'impossibilité de le consolider à l'aide d'ap-
plications quelconques ? l'adhérence des couleurs avec leur rap-
port est-elle compromise ? il devient nécessaire de procéder à
l'opération délicate de l'enlevage, ou, autrement dit, de l'ablation
de toute la peinture de dessus son panneau vermoulu ou de
dessus son ancienne toile pour la rapporter sur une toile neuve.
   J'ai d'ailleurs hâte d'entrer dans quelques explications à ce
sujet, afin d'ôter à mon énoncé son caractère indéterminé, et,
pour atteindre mon but, je dois faire remarquer que d'abord il
ne sera question que des tableaux sur toile.
   Entre cette base et la pellicule qui constitue la peinture , se
trouve ordinairement un double enduit. Ainsi une première cou-
che de nature gélatineuse , étendue sur tout le tissu , doit en
boucher les interstices. Puis, cet encollage préalablement dessé-
ché est recouvert d'huile siccative, mélangée de blanc de plomb,
ou de tout autre matière analogue.
   Eh bien ! les variations de la température, les alternatives de
sécheresse et d'humidité , qui tantôt dilatent et tantôt contrac-
tent, n'exercent pas des tiraillements semblables sur la toile, sur
ces enduits préparatoires et sur le dernier dépôt sorti du pinceau
de l'artiste. Le va et vient de la toile ébranle , fendille de plus
en plus la couleur. D'un autre côté, une colle pénétrée et ramollie
par l'humidité se laisse gagner par une décomposition funeste,
et les fibres ligneuses finissent elles-mêmes par s'altérer à leur
tour.
  Ainsi donc, après avoir subi les vicissitudes des saisons durant
une longue suite d'années, bien des chefs-d'œuvre seraient irré-
médiablemcnl perdus, si l'on ne se hâtait de mettre un terme à