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284                        PHILOSOPHIE.
bien que sa raison lui montre, en luttant contre les passions ;
mais il ne peut s'élever au souverain bien, sans le secours d'une
grâce spéciale que Dieu lui accorde comme récompense de ses
efforts propres ; et avec plus de détail : « La vie de l'esprit
commence à luire avec le premier effort voulu : le moi se mani-
feste intérieurement, l'homme se connaît, il aperçoit ce qui est
de lui et le distingue de ce qui est du corps ; mais l'homme
extérieur prévaut        L'homme mu sans cesse par des passions
et des désirs relatifs aux biens sensibles, ignore presque qu'il a
une volonté, qu'il n'est lui-même qu'une volonté, ayant en elle
la force nécessaire pouf surmonter toutes ces impulsions du
dehors qui la troublent, la rendent esclave et malheureuse, et
prendre son vol vers une région plus haute où est son repos, sa
paix, son unique bien.... Ce renouvellement ne peut jamais être
spontané, mais s'obtient par une action entièrement libre
surtout par une méditation soutenue , laquelle n'est elle-même
que l'exercice de l'activité intellectuelle dans toute son énergie. »
   Pour atteindre ce renouvellement il faut une certaine prépa-
ration. Que sera-t-elle ! Ce sera d'abord la spéculation, exercice
moral. Ce n'est pas tout : « Il faut agir , pratiquer la loi morale
dans toute sa pureté pour avoir en soi quelque chose de supé-
rieur à la science ; » c'est donc à devenir juste, à mettre son âme
dans cet état que le chrétien nomme : état de grâce, que tend
notre philosophe : « Heureux qui a des yeux pour voir le
royaume intérieur de la raison ou de la foi, la chair et le sang
n'en ont point : la sagesse de l'homme animal est aveugle là-
dessus et veut l'être, ce que Dieu fait intérieurement lui est un
songe. Pour voir les merveilles de ce monde intérieur, il faut
renaître, mais pour renaître il faut mourir, dit-il, comme un
nouveau Gerson. Enfin il faut prier : « En pensant volontaire-
ment et souvent à la cause suprême de qui nous dépendons, en
la priant et implorant son secours, cette action même de prier
excite dans l'âme divers sentiments de désir, d'admiration,
d'attendrissement, qui peuvent tantôt exalter les facultés de
l'intelligence, tantôt produire des états extatiques où des facultés
d'un autre ordre semblent se développer' ; en élevant l'âme j u s -