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PHILOSOPHIE. 28» qu'à cet état que Platon et son école ont signalé, sans doute d'après l'expérience du sens intime.... » A ceux qui nieraient la réalité de ces sensations sublimes et n'en accordent qu'aux sen- sations grossières venant du monde des corps, il répond que les causes des premières ne sont ni plus ni moins inconnues et mystérieuses que celles des secondes. Il établit par des obser- vations positives ce fait psychologique, si peu remarqué par les philosophes depuis Proelus et l'école platonique. Il trouve en lui un sens supérieur et comme une face de l'âme qui se tourne par moment vers certaines vérités se rapportant à un monde invisible, à un mode d'existence meilleur et tout autre que celui où nous sommes. Il lui est évident que cette intuition vive et élevée ne vient pas de son moi (1) : « Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le senti- ment subit de la lumière ne pourraient croire qu'ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions ; ils attribueraient ces effets singuliers à quelque cause mystérieuse ; et celui qui lirait dans leur organisation, trouverait cette cause dans quelque sens obtus, altéré, que le mouvement vital dégage ou éclaircit par moment. Ainsi est notre intelligence par rapport à cet ordre de vérités, dont les esprits supérieurs, plus parfaitement organisés, peuvent avoir l'intuition habituelle, comme nous avons celle de la lu- mière et des sons que les sourds et les aveugles n'ont pas ; mais il faut bien toujours que la cause ou l'objet de ces intuitions soit quelque chose de réel comme la lumière, car le sens ne crée pas l'objet de l'intuition » C'est à de telles hauteurs que, poussé par ses intentions droite, et sa persévérante recherche, l'esprit de notre philosophe entrevoit l'existence de trois mondes, dont l'un, objet propre de la théologie, est encore méconnu par la spéculation philoso- phique du XIX e siècle : au-dessus du monde de la sensation, et au-dessus du monde que découvrent les opérations de l'esprit, (1) Il compare , remarque fine et curieuse , l'influence surnaturelle de l'esprit de Dieu en nous, aux effets bien constatés du magnétisme , communication des pensées d'un esprit à un autre esprit.