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                     LETTRES DE F. OZAHAM.                       253
formule philosophique, sur laquelle ils étendent l'histoire,
comme sur le lit de Procuste, coupant et meurtrissant tout ce
qui a peins à entrer dans leur cadre inflexible. Ces gens-là
qui ne font que renouveler Rousseau, Dupuys et Volney, ces
gens-là, dis-je, ont fait celte admirable découverte : « que
« les religions ont commencé par le fétichisme, » et ils vont
le répétant à qui veut les entendre, discourant sur la loi du
progrès, sur l'extinction du Christianisme et sur l'avènement
prochain d'une religion nouvelle. Voilà ce que nous a prêché
naguère M. Jouffroy, professeur de philosophie à la Sorbonne,
cette antique Sorbonne que le Christianisme a fondée et dont
le dôme est encore couronné du signe de la Croix.
   Mais en face de cette école, qui se décore du nom de
rationaliste, une autre s'élève qui prend le nom de tradi-
tionnelle , non pas qu'elle ait brisé avec la raison , mais
parce que l'histoire est la base et la tradition, le point de
départ de son système. Dans ses rangs apparaissent MM. de
Chateaubriant, de La Mennais, d'Ekstein, Ballanche, de
Bonald, et pour l'Allemagne, Schlegel, Baqder, Stolberg,
Goures. Ils distinguent, ceux-là, deux objets des connais-
sances humaines : le fini et l'infini ; la vérité philosophique
et la vérité religieuse ; — deux manières de connaître : la
raison et la croyance ; l'analyse et la synthèse ; ou, peut-être,
comme parle l'Église, l'ordre de la nature et l'ordre de la
grâce.
   Or, lefiniest pressé par l'infini de toutes parts. L'infini, c'est
Dieu, c'est Yalphaei l'oméga, le principe et la fin. D'où il suit
que la synthèse est à la fois la base et le commencement du
développement de l'humanité, et que la vérité religieuse est
la source et la fin de la vérité philosophique. Sur ces données
s'élève une vaste théorie des rapports de la science et de la
foi, une large explication de l'histoire. — Et comme la syn-
thèse est le fait primitif qui précède toute connaissance,