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L'ABBAYE ET LA VILLE DE NANTUA. 195 sans doute, mais il n'en est pas moins vrai que les choses se passent ordinairement ainsi. Il faut donc savoir gré aux écrivains qui s'appliquent h nous faire connaître en détail telle petite ville, tel bourg, tel village même qui, bien qu'offrant des particularités intéres- santes, resteraient sans eux inconnus de la masse du public. Nantua a eu ce bonheur: M. Debombourg en a fait l'objet d'une monographie. Situé au milieu des montagnes du Haut-Bugey, qui l'isolent pour ainsi dire du reste de la France et en l'ont le premier marchepied de la Suisse, au bord d'un lac gracieux et abondant en poissons, Nantua est une véritable solitude qui, dans les siècles reculés , a dû tenter plus d'un anachorète jaloux de trouver à la fois, dans ce séjour, l'éloignement des hommes et la présence de Dieu. Aussi la tradition locale rapporte-t-elle que saint Amand quitta l'évêché d'Utrecht pour venir s'ensevelir dans la gorge profonde où s'éleva plus tard Nantua, dont il serait ainsi le véritable fondateur, puisque des cabanes et des chaumières auraient successi- vement surgi autour de la chapelle du saint ermite. Mais cette croyance populaire a été plus d'une fois battue en brèche par des écrivains moins épris du merveilleux que partisans de la vérité historique. M. Debombourg s'est rangé sous leur bannière, et il démontre assez victorieusement, suivant moi, que saint Amand n'a jamais mis les pieds dans les montagnes du Bugey et qu'on a confondu le nom de Nantua avec celui de Nant ou Nanto, situé dans le dépar- tement actuel de l'Aveyron et où saint Amand a réellement fondé un monastère. Tout semble indiquer, au contraire, que la ville de Nantua doit son existence à des pêcheurs qui s'étaient fixés au bord de son lac, et allaient vendre le poisson qu'ils y prenaient dans la ville voisine d'Isernore qui, dès une haute antiquité, était importante et prospère, mais dont il ne