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LE PÈRE DE LA CHAIZE. 139 dance et d'hostilité contre le pouvoir royal et la suprématie spiri- tuelle des Papes. Sous les minorités de Louis XIII, de Louis XIV et de Louis XV, on sait quel fut son rôle et quelles ses usur- pations. En 161b, le Concile de Trente, accepté par tous les évêques du royaume, est rejeté par le Parlement, sous prétexte que ce Concile avait condamné l'hérésie protestante. Contraints, sous Louis XIV, de se renfermer dans leurs fonctions, de se bor- ner à l'administration de la justice, les Parlementaires accueilli- rent le jansénisme avec d'autant plus de faveur que la secte au fond était toute politique et qu'elle avait fait son palladium des libertés de l'Église gallicane. Forcés de plier, ils acceptè- rent, sans résistance ouverte, de même que les autres corps de l'État, les décisions de la cour de Rome, et même la bulle Uni- genitus. Mais à peine le cercueil du grand roi est-il déposé dans les caveaux de Saint-Denis, tout change de face. La Faculté de théologie se rétracte, seize prélats, parmi lesquels l'archevêque de Paris, imitent son exemple, quatre évêques osent même in- terjeter appel de la bulle. Le Parlement ne reste point en arrière. Par l'organe de^on procureur général, il appelle comme d'abus de cette bulle, qu'il a si docilement acceptée. Et bientôt, comme pour'se faire absoudre de son servilisme, il exagère ou- tre mesure l'esprit de la Déclaration de 1682 ; il viole les lois les plus saintes de l'Église ; il usurpe le droit de régler, suivant son caprice, les questions de discipline ecclésiastique ; de régen- ter les évêques et les prêtres, et de les traduire à sa barre ; il pousse la déraison et l'audace jusqu'à se constituer en concile national ; il décide : « qu'il n'y a point d'hérésie dans l'Eglise qui a si souvent anathématisé cette hérésie ; » dans un arrêt où le burlesque le dispute à l'odieux, il supprime la bulle de canoni- sation de saint Vincent de Paul, parce que Clément XII a osé louer le zèle du saint contre le jansénisme. De leur côté, les parlements provinciaux, entraînés par ce funeste exemple, con- damnent au feu les mandements des évêques qui se sont pronon- cés contre l'appel. Pour arrêter les progrès de cette coupable résistance, le Souverain Pontife, dans sa lettre Pastoralis offi- cii, «presse les catholiques de France de se séparer delà commu-