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                       LE l'ÈllE DE LA CHAIZE.                           133
sénistes) depuis plus de quarante ans et il est étonnant combien
on y trouve de choses contre le Roi et contre l'État. »
   Le P. Quesnel, dans cette lettre, essaye en vain de se discul-
per; il ne s'appuye que sur des arguties de procureur, niant
tout, ou cherchant à donner le change sur le véritable sens des
pièces écrites en chiffres. Toute cette plaidoiciie, il va sans dire,
est semée d'invectives contre les Jésuites et contre le P. de la
Chaize en particulier. L'agneau plein de mansuétude avait fait
place au lion rugissant.
   Quoi qu'il en soit, l'offlcialité de Malines avait instruit le
procès de Quesnel. Après un mûr examen , il fut reconnu cou-
pable d'avoir publiquement défendu les opinions de Baïus et de
Jansénius •, d'avoir propagé leur hérésie dans les Universités de
Douai, de Louvain , parmi le clergé de Hollande et celui de
Bruxelles , et dans l'oratoire de Mons ; de s'être montré cons-
tamment hostile à la primauté du Saint-Siège, et d'avoir enfin
déchiré dans des libelles de la plus grande violence les souve-
rains pontifes et les rois de France et d'Espagne.
   En conséquence, l'archevêque de Malines et son conseil le
condamnèrent à l'excommunication et à une prison perpétuelle
au fond d'un monastère , à moins qu'il n'obînt son pardon du
Saint-Siège.
   Ce fut surtout à partir de cette époque que Louis XIV conçut
de sérieuses inquiétudes sur la portée politique du jansénisme.
Résolu d'en finir avec une secte si remuante et si dangereuse , il
poursuivit avec une ardeur extrême , auprès de la cour de Rome,
la condamnation des Réflexions morales.
   Déjà le P. de la Chaize , à l'apparition de la 3 e édition de ce
livre, avait pu se rendre compte du succès qu'il avait obtenu
parmi les Jansénistes. Aussi, pour couper le mal dans sa racine ,
s'était-il empressé de faire connaître au général de sa Compagnie,
le P. Tyrse Gonzalez , la nouvelle levée de boucliers de la secte.
  « Mon très-révérend P è r e , lui écrivait-il, de Paris, en date du
19 mars 1696, c'est au cardinal de Janson (1) q u e , par ordre du roi ,


  (1) Toussaint de Foi uin-jaiison , (oui- à tour cvèijue de Digne , de Mar->