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LE PÈRE DE L.V CHAIZE. 129 respect humain , dans un si pressant besoin de réveiller l'indignation publique, pour mettre en sûreté la vertu et la pudeur, les pierres même crieraient... Il s'agit ici, non de la prétendue question de fait sur le texte de Jansénius, mais de ce qui est, de l'aveu du parti même, la question de droit. Il s'agit de savoir si ce système, pire que celui d'Éqticure. en ce qu'il ne nous laisse aucune autre règle des mœurs qu'un plaisir nécessitant, est la doctrine de saint Augustin adoptée par toute l'Eglise. Ce système si odieux en soi est insinué dans toutes les écoles par des théologiens qui ont tout ensemble pour eux le préjugé des bonnes mœurs avec celui d'une apparente condamnation du jansénisme. Le serpent se glisse sous les fleurs par les plus souples détours et par les insinuations les plus flatteuses Plutôt mourir que de cesser jamais de parler jus- qu'au dernier soupir; malheur à nous si nous nous taisons ! le silence souillerait nos lèvres (I). » La Théologie d'Habert fut condamnée au feu ; elle avait causé un scandale aussi grand que les ouvrages d'EUies Dupin et de Richard Simon, mais le mal produit par tous ces livres ne saurait être comparé à la perturbation profonde que jeta, dans le sein de l'Église, la publication Des Réflexions rmmles sur le Nouveau Testament. Comme nous l'avons dit, la congrégation de l'Oratoire était sourdement minée par l'hérésie. Un homme vivait obscur dans son sein qui, par la merveilleuse souplesse de son esprit fécond en ressources et en subterfuges, par les nuages dont il savait envelopper sa pensée, par l'onction pénétrante et la chaleur de son style comme par la ténacité de son caractère devait être appelé à donner au jansénisme un nouvel apôtre et un nouveau pontife. Qu'on se figure l'ascétique mansuétude de saint François de Sales servant de masque ù l'opiniâtreté et à la subtilité du plus violent et du plus retors des hérésiarques, on aura le portrait du P. Quesnel. VAugustinus, l'arche sainte du Jansénisme , énorme in-folio écrit en latin , n'était accessible qu'aux initiés ; Rome d'ailleurs l'avait plusieurs fois condamné, et la doctrine à la longue pouvait courir les plus grands périls. Quesnel comprit qu'il fallait à la secte une nouvelle exposition du dogme écrite en français, Il eut l'habileté de la glisser peu à peu dans les éditions successives d'un livre de piété intitulé : (1) Féneloii, t. XVI, p. 5'»5., édition de Versailles. 9